Les Marocains ne méritent pas ce que leur infligent les politiciens !

Par ABDELHADI ALAMI
On assiste, ces jours-ci, à une mascarade sans précédent dans le champ politique. En effet, la manière dont se déroule en ce moment la gestion des alliances pour la formation du prochain gouvernement est aux antipodes du niveau de maturité politique auquel aspire le Maroc. Elle est même à contre-courant des orientations Royales définissant les critères de mise en place du prochain Exécutif, ainsi que l’a récemment rappelé le Souverain dans son Discours historique depuis Dakar. Ce processus commence à être dangereusement improductif car il retarde la mise en place d’un gouvernement homogène et fort, apte à répondre aux aspirations des Marocains et à leurs attentes par rapport à la chose politique. Beaucoup de nos concitoyens se mettent même à espérer une intervention Royale afin de mettre un terme au flou institutionnel qu’imposent au pays les tergiversations de nos leaders politiques.
Par respect pour les citoyens, les partis politiques – rappelons-le encore – n’ont pas le droit d’user, en ce moment crucial, de procédés basés sur la pression, le chantage et la manœuvre politicienne en vue d’entrer dans le gouvernement. Et ce, au seul but d’y siéger avec le plus grand nombre possible de portefeuilles et de postes clés. Bien au contraire, ils sont censés d’abord répondre à l’appel de la Nation pour inventer de nouveaux schémas de travail et trouver des solutions efficientes aux dossiers les plus brûlants, et à leur tête l’Enseignement, la Justice, la Santé et l’Emploi ! Tout cela, dans le cadre d’un plan quinquennal dont les fondamentaux devraient être premièrement le patriotisme, deuxièmement la compétence, troisièmement l’expérience, quatrièmement l’humilité et cinquièmement la fidélité aux valeurs du Royaume : Dieu, la Patrie, le Roi.
En tout état de cause, qu’elles soient de la droite, de la gauche ou du centre, les formations politiques restent dans la faute tant qu’elles continuent de considérer les portefeuilles ministériels comme un «butin» ou une «pâture» à partager entre les partis. C’est une démarche prédatrice ! Indigne !
Les postes ministériels font saliver une cohorte de prétendants. Mais ce sont des responsabilités majeures qui impliquent la gestion de secteurs stratégiques du pays. Comme il ne saurait être question de jouer avec l’avenir du Royaume et de ses citoyens, il s’agit de mettre les compétences idoines aux postes clés. «The right man in the right place», comme disent les Anglo-Saxons dans leur pragmatisme légendaire. Et cela, abstraction faite de la filiation à tel parti ou à tel courant politique. C’est l’appartenance à un gouvernement en tant qu’équipe solidaire et efficace qui importe au premier degré. Et c’est cette conviction seule qui permettra de mettre rapidement en place un gouvernement fort et homogène, dont tous les membres, sans exception aucune, se placent au-dessus des considérations partisanes et – pire encore – des intérêts personnels ! Seul doit prévaloir l’intérêt supérieur du Royaume et des Marocains.