Un nouveau scandale immobilier à Bouskoura
Décidemment, le précédent du projet immobilier «Bab Darna» fait des émules ! Toujours dans les environs de la métropole casablancaise, sur laquelle certains promoteurs immobiliers mafieux ont jeté leur dévolu, un autre scandale défraie actuellement la chronique. Celui du projet «Bassatine Bouskoura».
Séduits par une offre alléchante consistant en l’acquisition d’un appartement moyen standing avec de jolies dépendances, plusieurs familles ont cédé aux annonces et panneaux vantant les mérites du projet «Bassatine Bouskoura». Elles ont versé des arrhes qui oscillaient entre 100.000 DH et 200.000 DH, dont une partie en noir, pour bénéficier de l’offre. Les atouts du projet vantés par le promoteur ne manquaient pas : cadre de vie agréable, dépendances, espaces verts, ascenseur, piscine… Cerise sur le gâteau : les appartements étaient de moyen standing au prix du logement économique et allaient être livrés en six mois. Seulement, les six mois ont fait des petits et le semestre d’attente s’est mué en quatre semestres ! Les malheureux acquéreurs ont espéré le bout du tunnel en janvier dernier, date à laquelle le promoteur Bzioui Immo a publié un communiqué dans lequel il promet que «Bassatine Bouskoura» sera livré bientôt. Lancés en 2017, les travaux de construction du projet résidentiel «Bassatine Bouskoura» sont arrivés au stade de finalisation.
Diktat d’un promoteur
La livraison est prévue dans les prochains mois, a assuré la société Bzioui Immo, initiatrice du projet. Elle profita de cette occasion pour vanter encore une fois les mérites de son projet. «Les résidences fermées sont équipés d’ascenseurs, de piscines et d’espaces verts. Elles se composent aussi d’aires de jeux, d’établissements publics et privés et de commerces», précise la société dans son communiqué. Afin de «faciliter la gestion de syndic, Bzioui Immo a mis en place une entité en interne chargée de s’occuper du facility management. Un service que la société propose «à vie» ! Le promoteur a assuré que «les travaux sont terminés à hauteur de 95% et l’achèvement devrait se faire dans les tous prochains mois. S’en suivra l’opération de livraison aux propriétaires dans le respect contractuel entre les parties». Et d’ajouter que «dans l’accomplissement de ses obligations envers le client, Bzioui Immo s’engage légalement à assurer la protection des droits des bénéficiaires et leur satisfaction».
Ce son de cloche ne trouve nul échos auprès des acquéreurs qui estiment avoir été arnaqués par les porteurs du projet. À maintes reprises, ils ont manifesté devant le siège de la société pour protester contre «l’arnaque et les retards dans la livraison des appartements». La dernière en date a eu lieu le 4 avril courant. Leur nombre serait de 4.000 victimes, selon certaines sources. «Nous avons payé des appartements de moyen standing à des prix variant entre 30 et 40 millions de centimes pour être surpris, par la suite, par des logements économiques dont la valeur ne dépasse pas 250.000 DH en vertu de la loi. Le promoteur a voulu profiter des subventions et des aides de l’État, accordées au moyen standing», déplore une cliente à visage couvert. «Nous avons été arnaqués et le pire est que maintenant, cette société nous demande de signer la décharge de remise des clés, de payer des frais de dossiers variant entre 7.000 et 10.000 DH, de payer des frais de syndic de l’ordre de 300 à 400 DH, de signer un engagement à ne pas protester contre la qualité et la finition du bien vendu ! Ce n’est plus de l’arnaque, c’est de l’esclavagisme. Il y a des lois dans ce pays. Il faut qu’elles soient appliquées», renchérit un jeune cadre, lui aussi victime de Bzioui Immo. En fait, derrière ce projet, il y a deux sociétés : Verde Immobilier, qui se charge de la commercialisation, et Emmaar Al Waha, qui détient le titre foncier et se charge de sa publicité, a déclaré l’avocat des victimes. Le Ministère Public agira-t-il avec la diligence requise en pareille situation ? Les prochaines semaines se chargeront d’apporter la réponse…
A. A.