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EDITO

Presse : un tournant ?

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma

«Les mutations profondes que connaît le secteur de la presse et des médias exigent l’actualisation du cadre législatif régissant la profession afin de l’adapter aux nouveaux besoins et protéger la liberté de la presse, dans le respect de la loi et de la déontologie». Mohamed Mehdi Bensaid, Ministre de la Communication (en charge aussi de la Jeunesse et de la Culture), ne pouvait pas être plus clair, mercredi dernier à Rabat, en présentant le projet de loi relatif au statut des journalistes professionnels devant la Commission de l’Enseignement, de la Culture et de la Communication à la Chambre des Représentants. Le haut responsable a trouvé les mots justes, équilibrés, pour pointer une problématique dont tout le monde dit qu’elle induit un pourrissement latent mais bien réel qui menace le métier de journalisme.
Dans ce contexte fébrile, deux textes de loi sont passés dans le circuit législatif. Le premier modifie la loi relative au statut des journalistes professionnels, tandis que le second concerne la réorganisation du Conseil National de la Presse (CNP). Le premier texte introduit plusieurs nouveautés concernant l’exercice du métier et renforce les conditions d’accès à la carte de presse, qui exigera désormais un diplôme reconnu, une période de stage encadrée et une expérience définie. Le deuxième texte réforme en profondeur le fonctionnement du CNP. Le nombre de ses membres est ramené de 21 à 17, avec une nouvelle répartition intégrant des représentants élus et des compétences reconnues, la parité hommes-femmes étant désormais requise.
Première à réagir à et à adhérer à cette dynamique réformiste : l’Association Nationale des Médias et des Éditeurs (ANME). Elle estime que la production législative ainsi formulée, adoptée en Conseil de gouvernement le 3 juillet dernier, constitue «Une étape importante vers la consolidation de l’indépendance de la profession, le renforcement de son rôle sociétal et institutionnel et sa protection contre les pratiques portant atteinte à sa crédibilité, qu’elles émanent de certains de ses membres ou d’intrus se cachant derrière les plateformes et applications des réseaux sociaux».
Les propos ainsi énoncés sont intéressants car ils rappellent ce que tout le monde constate, voit et entend depuis trop longtemps : le métier de journalisme est aujourd’hui en péril. Son éthique, pour être précis. Nous nous sommes déjà alarmés sur cette réalité, dans un précédent Billet. Aujourd’hui, on est en train de vivre, en effet, une période charnière dans l’écosystème des médias au Maroc. Une période critique, ne faisons pas d’économie de mots… La transformation de ce paysage amène des questions de fond. Des questions existentielles car la définition même du mot «journalisme» est battue en brèche par ceux que le métier fascine, mais qui n’en ont ni la compétence, ni l’envergure, ni la légitimité.
Encore une fois, l’ANME a été prompte à tirer la sonnette d’alarme en pointant des transformations marquées par «Une montée des contenus non encadrés sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques». L’Association met en garde contre «Les dérives des créateurs de contenus qui, sans cadre légal, ni respect des règles déontologiques, usurpent le rôle des journalistes et brouillent les repères entre information et divertissement». Tout ou presque est dit.

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