Les Marocains vous regardent toujours,Si Abdelilah Benkirane

Par ABDELHADI ALAMI
Les phases post-électorales sont toujours très intéressantes dans le processus démocratique. Elles mettent en lumière, en effet, les ambitions des uns et les desseins des autres tout en révélant les capacités et les limites réelles qui déterminent le travail du Chef du gouvernement à venir. En l’occurrence, le leader du PJD, dont la formation politique a remporté les dernières législatives, se penche déjà – avec toute la pression que l’on peut deviner – sur l’échafaudage du gouvernement Benkirane III, dont certains portefeuilles sont très convoités, comme d’ailleurs dans les précédents Exécutifs : Finances, Justice, Affaires étrangères, Intérieur, Education nationale, Santé, Industrie et Commerce… Ca n’étonnera personne, ce sont classiquement des ministères «lourds» qui ont bien souvent fait l’objet de tractations, de négociations, voire de marchandages, lors de la distribution des portefeuilles dans les lendemains d’élections. C’est le propre de l’exercice politique dans toutes les démocraties, et le Maroc ne déroge pas à la règle chaque fois que la nécessité de bâtir des alliances pour exercer le pouvoir exige de faire des compromis nécessaires. Même douloureux, quand il le faut. Ce n’est, non plus, un secret pour personne : de nombreux candidats aux législatives se sont présentés dans leurs partis respectifs beaucoup plus pour glaner un éventuel portefeuille ministériel que pour briguer un siège de député dans l’Hémicycle… Mais l’ambition est une bonne vertu quand elle est saine ! La vraie question que tout le monde se pose est de savoir comment, au cours des prochains jours, le Chef du gouvernement va gérer la délicate affectation des responsabilités au sein de son futur cabinet. N’est pas ministrable qui veut. Et quand bien même ce serait le cas, les exigences de capacité, de compétence et de qualification pour un poste ministériel précis commandent, comme dans toutes les démocraties qui se respectent, que la distribution des titres se fasse au seul critère de la méritocratie. Sans citer de noms, ni faire de référence à aucun parti, on peut s’interroger sur le respect (ou non) de cette règle cardinale dans les tractations qui ont cours actuellement. Tout comme le citoyen ordinaire est en droit de se demander si certains ministres du gouvernement Benkirane II, tout à fait efficaces dans leurs précédentes missions, seront aussi aptes, au sein du gouvernement Benkirane III, dans d’autres fonctions… Les Marocains vous regardent toujours, Si Abdelilah Benkirane !