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EDITO

ABSURDE !

PAR HASSAN EL ARCH

Donc, nous y voilà ! La fameuse «Loi de Murphy» vient de se vérifier au Maroc. Comme dans une banale expérience de laboratoire. Son principe veut que «tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal». L’ingénieur aérospatial américain qui avait énoncé cet adage, au milieu du siècle dernier, ne se doutait peut-être pas que sa théorie trouverait, plusieurs décennies après sa mort, une application pertinente en ces temps de coronavirus.

Nous y voilà, en effet, car la mise en quarantaine de villes entières a commencé depuis lundi dernier. La manière et le timing dont la chose a été décidée tiennent de l’absurde. Il n’y a pas d’autres mots. Tout se passe comme si ce gouvernement prenait les Marocains pour des mineurs ou des assistés mentaux. Annoncer à 18h que huit grandes villes du pays seront verrouillées à l’entrée et à la sortie et appliquer la décision à minuit tapantes, voilà de quoi choquer, révolter, indigner 36 millions de citoyens. Un grand nombre d’entre eux étaient chez la famille ou des amis dans une autre ville que la leur, pour affaires ou pour le tourisme. A travers le communiqué commun de l’Intérieur et de la Santé, on leur a donné un ultimatum de 6 heures pour regagner leurs points de chutes sous peine de rester bloqués loin des leurs foyers. Et indéfiniment, qui plus est ! Oui, ce gouvernement traite les citoyens de manière indigne. Il n’y a pas d’autres mots. D’autant plus indigne que son management de crise a précipité, dans la nuit de dimanche à lundi, des milliers de gens affolés au volant de leurs voitures, provoquant des bouchons aux gares de péages sur les autoroutes et de nombreux  accidents, en prime.

Dans la rue, depuis le lundi matin, beaucoup de gens, sous le choc, se demandaient si cette précipitation n’était pas dûment programmée pour circonscrire le risque viral autour de l’Aïd Al-Adha. Contraindre, en quelque sorte, les gens à rester chez eux pour le sacrifice du mouton. Ne pas tuer l’économie du bétail. Laisser le commerce tourner. Mais interdire les déplacements entre les villes. Fort bien. Mais pourquoi, dans ce cas, le communiqué officiel du gouvernement est-il resté complètement muet sur la durée de ce verrouillage kafkaïen ? On espère vivement se tromper, mais tout porte à croire que cette quarantaine se prolongera tout le mois d’août, période de grandes vacances et de déplacements massifs entre les villes du Royaume. Car, après tout, une petite semaine de confinement urbain, ça n’a pas beaucoup de sens dans la mesure où toutes les grandes décisions, depuis le début de l’état d’urgence, portent sur de longues durées.

Colère et indignation mises à part, la question que les citoyens se posent aujourd’hui est la suivante : pourquoi le gouvernement a-t-il tout fait pour encourager la reprise de la vie sociale et économique et pousser à une relance immédiate du tourisme si c’est pour fermer brutalement, au bout de quelques semaines, les villes et les régions où cette renaissance était attendue ? Il n’y a pas de touristes étrangers à l’horizon et la machine de l’économie touristique est en panne. Nos décideurs politiques martèlent tous azimuts qu’il faut «consommer marocain». Pourquoi, dans ce cas-là, retirer d’une main ce que l’on donné de l’autre ? Dans quel état sera le pays à la rentrée, si l’on étouffe ses ressources, très mesurées en ce moment ?

Terrible, ce questionnement ! Car toutes les réponses, toutes les explications que nous servira le staff d’El Othmani, ces jours-ci – pour crédibles qu’elles soient – ne justifieront point le traitement qu’on vient d’infliger au peuple. Oui, redisons-le, un traitement indigne. Il n’y a pas d’autres mots…

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