20 mars, 10 juin…

PAR HASSAN EL ARCH
On s’en doutait un peu… La Commission Spéciale sur le Modèle de Développement du Royaume ne remettra pas sa copie au Souverain, le 30 juin. Elle ne peut pas le faire. Les événements exceptionnels vécus actuellement par le Maroc les en empêchent. Son engagement envers l’institution Royale prévoit que son Président, Chakib Benmoussa, remette un rapport exhaustif au plus tard le dernier jour du premier semestre 2020. Le temps a commencé à manquer à la Commission dès le premier jour de l’état d’urgence ! Début mars, en effet, tout le monde – ou presque – a commencé à douter de la capacité de cette dream team à tenir le délai institutionnel qui lui a été fixé en novembre 2019. Un autre temps, une autre époque, est-on tenté de dire ! De l’eau a coulé sous les ponts, entre-temps. Le «Covid-19» s’est invité en décembre 2019 dans les affaires de l’humanité. Et le monde a changé de visage en février 2020. On sait ce qui s’est passé en mars !
Voilà pour la très brève histoire de la planète… Au Maroc, le méga-chantier du projet de nouveau Modèle de Développement a démarré se manière quasi-concomitante avec un autre chantier gigantesque, le programme «Intelaka», spécialement profilé pour le sauvetage des TPME. Entre les deux challenges, le pays a vécu durant les trois premiers mois de l’exercice en cours le trimestre socio-économique le plus dense de la décennie ! Voilà de quoi dédouaner Si Benmoussa et son staff de 34 experts de haute volée. Le coronavirus est passé par là. Tout le travail de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement en a été ramené à la case départ. On n’imagine pas un avenir neuf, on ne réinvente pas un futur sur les fondements d’un présent brutalement remis en question…
Le Maroc, comme tous les pays touchés par la pandémie, révise ses priorités et reclasse ses urgences. La nouvelle hiérarchie des chantiers est claire : circonscrire le virus, relancer l’économie, arrêter l’hémorragie des destructions d’emplois, redonner de l’espoir aux familles fragilisées, mobiliser le pays dans un objectif suprême, celui de l’après-«Covid-19». Le Souverain le sait mieux que personne, en accordant tout récemment un délai supplémentaire de 6 mois à la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement. Pour intégrer à sa réflexion l’ensemble des conséquences (nationales et internationales) de la pandémie du «Covid-19» et ainsi renforcer encore mieux son approche participative. Rendez-vous donc pris pour début janvier 2021.
En attendant, le rendez-vous le plus fébrile est celui du 10 juin prochain. Serons-nous prêts pour le processus (complexe) du déconfinement ? Rien n’est moins sûr ! Qu’on le veuille ou non, on est devant une évidence claire comme l’eau de roche : si déconfinement il y aura, mercredi prochain, ce sera à n’en point douter selon un schéma progressif et régional. Aucun haut responsable sain d’esprit ne saurait prendre la responsabilité de décréter un «Sortez donc tous !» à 36 millions de Marocains enfermés depuis 80 jours et n’ayant qu’un seul désir, irrépressible entre tous : renouer avec la vie sociale d’avant le 20 mars !! Attendons donc de voir ce que le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, nous annoncera la veille du 10 juin.
Et pour l’après-10 juin, quelle qu’en sera la tonalité, faisons-nous plaisir avec cette nouvelle toute fraîche qui gratifie tous les professionnels du tourisme dans le Royaume, à défaut de les consoler de leurs pertes : le Maroc arrive en tête des destinations touristiques mondiales «sûres pour partir en vacances, une fois la pandémie de coronavirus terminée». Parole du célèbre magazine anglo-saxon «Travel Daily News».