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Résilience, résilience…

PAR HASSAN EL ARCH

Les dégâts sont inégaux selon les secteurs, c’est un fait. Aux deux extrémités du spectre, des branches d’activité ont été résilientes et d’autres se sont effondrées. Au milieu, le gros des industries et des services est en train de recoller les morceaux. L’Argentier du Royaume nous apprend que le pays perd 1 milliard de DH par jour de confinement. Faut-il l’en croire ? Oui. C’est un technocrate compétent. Et c’est, avant tout, un banquier au long cours. S’il déclare sous la coupole de l’Hémicycle aux représentants de 36 millions de Marocains que tel est réellement le manque à gagner pour la machine de l’économie, c’est que c’est vrai et l’on doit en prendre acte.

Comme il reste (théoriquement) une douzaine de jours avant le processus tant attendu – et redouté – du déconfinement, on en conclut que le Maroc perdra encore, d’ici là, pas moins de 12 milliards de DH. Soit 80 milliards pour les 80 jours d’astreinte à domicile que s’est imposé le pays depuis le 20 mars. De quoi «neutraliser» les 100 milliards de DH suggérés, cette semaine, par le plan de relance globale défendu par le patronat.

Jamais, de mémoire de Marocain, on n’avait essuyé un tel cataclysme économique ! Comparées à la conjoncture du «Covid 19», les crises de la première puis de la seconde guerre du Golfe (1991 et 2003) et celles des attentats de Casablanca (2003) puis de la déferlante terroriste en Europe (2015 à 2018) tiennent presque de la répétition sympathique…

Ainsi que nous le mettons en exergue au préambule de notre dossier central et sur la couverture de notre présente édition, la relance de l’économie au Maroc sera très difficile, mais elle est possible. «Il ne s’agit pas d’être alarmiste, et encore moins fataliste, en ces temps où il faut au contraire positiver pour avancer, dépasser la conjoncture, construire ensemble l’après «Covid-19». Un challenge national très ardu, mais à portée. Il est essentiel pour chaque Marocaine et Marocain de s’en convaincre car l’espoir d’un lendemain normalisé est à cette seule condition», insistons-nous en ouverture de notre focus sur l’actualité covidienne.

Les dégâts induits par la crise du coronavirus sont inégaux selon les secteurs, disons-nous plus haut. Mais il est un secteur surexposé, qui trinque de manière dramatiquement spectaculaire. Le tourisme, en l’occurrence. A en croire les opérateurs regroupés sous la bannière de la Confédération Nationale du Tourisme, ce secteur traverse aujourd’hui la crise la plus grave de son histoire. Presque zéro client au mois d’avril et des points d’interrogation grands comme ça pour le reste de la haute saison, qui démarre déjà. C’est quelque chose de jamais vu dans les annales du tourisme depuis l’indépendance. La Confédération nous annonce que les chutes des flux de visiteurs pour la période de mars à décembre 2020 vont être de plus de 6 millions de touristes, ce qui correspond à environ 12 millions de nuitées évaporées et plus de 34 milliards de DH de casse pour l’ensemble du secteur. A elle seule, la branche de l’hôtellerie annonce plus de 14 milliards de DH de pertes sèches, selon les données de la Confédération.

C’est le devenir immédiat de ce secteur stratégique de l’économie nationale que nous traiterons en focus de notre prochaine livraison. L’été est aux portes, les touristes étrangers ne réservent pas, les nationaux sont traumatisés à l’idée d’une seconde vague du coronavirus ou financièrement sur les genoux pour la plupart. Même avec des marges proches de zéro, ce qui est suicidaire pour des établissements touristiques structurés, la saison ne sera pas rentable. C’est un fait. L’exemple de Royal Air Maroc est là pour nous rappeler que la résilience ou la vulnérabilité sont parfois toutes relatives. Mais l’espoir fait vivre, n’est-ce pas ?

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