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FIFM 2025

À cœur ouvert avec Hélène Harder, réalisatrice du film «Fatna, une femme nommée Rachid»

À l’occasion de la projection en première mondiale de son dernier film, programmée au sein de la section «Séances Horizons» de la 22ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM 2025), la réalisatrice française Hélène Harder revient sur sa rencontre avec Fatna, activiste marocaine témoin des années de plomb.

Comment avez-vous découvert le parcours de Fatna et qu’est-ce qui vous a convaincue d’en faire un film ?

En découvrant le livre de Fatna, l’une des rares femmes à témoigner de la détention politique, j’ai été frappée par la puissance et la finesse de son récit. Même si, au départ, je ne me sentais pas légitime pour raconter cette histoire en tant qu’étrangère au Maroc, ma rencontre avec Fatna, activiste engagée, lumineuse et dotée d’une incroyable force intérieure, a tout changé. Cette rencontre, fondée sur une confiance immédiate et sincère, m’a donné envie de partager son histoire et de montrer comment elle a transformé le traumatisme des années de plomb en un engagement vivant. C’est cette confiance mutuelle qui a rendu possible le projet du film.

Comment s’est construite votre relation de confiance avec Fatna ?

Notre relation s’est construite dans le temps, mêlant travail de cinéma et amitié, toujours basée sur un respect mutuel. Cette confiance nous a permis de trouver un terrain commun entre nos subjectivités très différentes, malgré nos contextes et générations distincts. C’est cette complicité qui donne au film sa profondeur et sa justesse, permettant de transmettre l’histoire et les émotions de Fatna de manière authentique.

Que souhaitez-vous que le public retienne de la manière dont Fatna navigue entre «Fatna» et «Rachid» ?

Fatna a été appelée «Rachid» par ses tortionnaires pour effacer son identité et tenter de la neutraliser politiquement en tant que femme. Ce changement de nom symbolise la menace que représente une femme revendiquant sa place dans l’espace politique, traditionnellement masculin. Dès son enfance, Fatna a défié les limitations imposées par la société et sa famille pour accéder à l’éducation et à la liberté. Son parcours illustre sa capacité à ne jamais se laisser assigner à une «classe» ou à un rôle, à rester en mouvement et à imaginer un avenir différent. Le public est invité à retenir cette force et cette détermination comme une leçon d’émancipation et de résistance.

Quel a été le rôle de Fatna dans la construction de son propre récit ? A-t-elle participé au montage ou au choix des scènes ?

Fatna a été pleinement impliquée dans la construction de son récit. Elle a travaillé avec moi sur la voix off retraçant son parcours, de l’enfance à son engagement politique, et s’est investie dans le tournage, portant le film sur ses épaules. Elle a été épaulée par ses deux filles, Najoua et Lina, par son amie Wafaa Guessous et par son association «Relais Prison Société», qui a permis d’accéder aux prisons marocaines pour certaines scènes. Bien qu’elle ne soit pas comédienne, Fatna a fait preuve d’un courage et d’une générosité exceptionnels, partageant son énergie et sa détermination à œuvrer pour le changement à travers le film.

Entretien réalisé par LAIDIA FAHIM

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