Bong Joon Ho : «Casser les conventions est ma manière de parler au public»

Président du jury de la 22ème édition du Festival International du Film de Marrakech, qui a baissé le rideau hier dans la soirée, le cinéaste sud-coréen Bong Joon Ho a partagé, hier soir, un échange dense avec le public, revenant sur ses inspirations, son rapport à la Corée et sa trajectoire singulière de «Memories of Murder» (2003) à «Parasite» (2019).
Accueilli sous un tonnerre d’applaudissements, le cinéaste a remercié le festival pour l’invitation, affirmant vivre «une semaine extraordinaire» aux côtés des autres membres du jury. Un exercice exigeant, reconnaît-il, tant la sélection mêle des œuvres fortes.
Le cinéaste coréen a d’abord évoqué ses débuts, marqués par les années 80 et une censure culturelle encore très forte. «La culture populaire était contrôlée, jusque dans les chansons qu’on écoutait», a-t-il expliqué. Cette frustration a nourri son désir d’un cinéma libre, mêlant critique sociale et humour noir.
À propos de «Memories of Murder», film qui l’a révélé au monde, Bong a souligné l’importance de l’absurde dans le traitement de sujets tragiques : «J’aime que le rire surgisse là où on ne l’attend pas». Sur «The Host», il raconte avoir volontairement montré la créature dès le début pour «casser les conventions du film de monstre» et surprendre un public habitué à l’attente.
Revenant sur «Parasite», Palme d’or et quadruple Oscar, le réalisateur explique que l’idée du film provient de son expérience comme professeur particulier dans des familles aisées : «On entre dans les maisons des autres, dans leur intimité, et cela nourrit l’imaginaire». L’architecture de la maison du film, précise-t-il, a été pensée dès l’écriture «car elle est presque un personnage».
Un moment fort de la rencontre a été celui où il a évoqué l’actrice marocaine Raouya, à qui cette 22ème édition du FIFM a rendu un hommage, mardi dernier, affirmant qu’elle lui a rappelé le rôle de la mère dans «Mother». Il a précisé : «J’ai été très touché par sa personnalité».
Alors qu’il travaille actuellement sur un film d’animation prévu pour 2027, Bong Joon Ho affirme vouloir continuer à explorer de nouveaux terrains, sans renoncer à son approche subversive. «Chaque film doit surprendre, moi autant que le public», conclut-il.
LAIDIA FAHIM



