«Amoeba», l’adolescence comme acte de résistance, entre fantômes et gang imaginaire

Pour sa 22ème édition, le Festival International du Film de Marrakech accueille en compétition «Amoeba», premier long-métrage singapourien de la réalisatrice Siyou Tan. Œuvre audacieuse et profondément sensorielle, le film se déploie à la frontière du fantastique et du réalisme social, en explorant la fureur contenue de jeunes filles étouffées par un système scolaire rigide.
Basée à Los Angeles et déjà remarquée pour ses courts-métrages présentés à Cannes, Locarno, Berlin ou Toronto, Siyou Tan signe avec «Amoeba» une entrée remarquée dans le long format. Ancienne élève de programmes prestigieux tels que Talents Tokyo et la Busan Film Academy, diplômée de l’American Film Institute, la cinéaste poursuit ici son regard affûté sur la jeunesse, les identités mouvantes et les espaces où l’imaginaire devient un mode de survie.
Dans une Singapour disciplinée à l’extrême, Choo (16 ans) revient malgré elle dans un lycée élitiste qu’elle avait quitté. Très vite, ses micro-révoltes attirent trois autres élèves rejetées par l’institution. Ensemble, elles forment une constellation de jeunes insurgées silencieuses, unies par un secret : la présence d’un fantôme dans la chambre de Choo. Armées d’un caméscope, elles tentent de capter l’invisible et rencontrent la figure inattendue d’Oncle Phoon, un esprit bienveillant traversé par la mémoire des Triades qui hantaient autrefois la ville coloniale.
Nourries par ce passé clandestin, les quatre adolescentes décident de créer leur propre gang. Mais dans une cité où l’ordre règne au point d’interdire jusqu’au chewing-gum, comment exister en marge ?
Porté par les interprétations sensibles de Ranice Tay, Nicole Lee, Lim Shi-An et Genevieve Tan, le film navigue entre humour, mélancolie et rites adolescents.
LAIDIA FAHIM



