75%

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma
Retraite. La fin d’une vie ou le début d’une autre ? Ni l’une ni l’autre. Ou peut-être les deux, en même temps… Tout dépend du point de vue que l’on a sur la question. Mais celle-ci amène à méditer sur un constat lancinant : 75% des personnes âgées au Maroc ne touchent aucune pension de retraite, faute d’avoir cotisé à un régime. Le saviez-vous ? Le constat est bien réel. Il met en évidence un défi majeur pour la cohésion sociale et l’économie du pays, alimentant la conviction d’inégalités frappantes tout en appelant des réformes urgentes des systèmes de retraite.
Les études actuarielles sont pessimistes sur la viabilité à long terme de ces systèmes au Maroc. Ce n’est un secret pour personne, au demeurant. Tel un serpent de mer, la question se pose de manière récurrente dans les débats au sein de l’opinion publique et dans les médias, alors que l’on se projette déjà dans les élections législatives de septembre 2026. Contexte éminemment politique donc, au-delà de sa trame fondamentalement sociale et économique.
Dans la présente édition, LE TEMPS consacre à cette question son dossier central (pages 18 à 31) et sa couverture en rappelant d’emblée que le gouvernement entame sa dernière année de mandat en s’attaquant, presque à contre cœur, à la réforme du système des retraites. Réforme déjà très précaire. S’il y a un contexte où l’expression «refiler la patate chaude» est pertinente, ce contexte-là s’y prête totalement. Les gouvernements précédents n’ont pas «osé» s’attaquer à cette réforme, exception faite d’une refonte toute partielle de la Caisse Marocaine de Retraite (CMR) qui a porté l’âge de la retraite à 63 ans. L’intransigeance des syndicats étant ce qu’elle est en matière d’acquis et de doléances, l’actuel Exécutif devait présenter un plan de réforme, le 18 septembre dernier, aux centrales syndicales ainsi qu’à la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). Mais comme pour beaucoup de rendez-vous décisifs manqués, la réunion n’a pas eu lieu…
Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a pourtant exprimé la volonté de son équipe d’assumer la responsabilité et le coût de la réforme, en concertation avec les parties prenantes. Il a même assuré que le gouvernement ne comptait entreprendre aucune réforme sans consensus sur la question avec les syndicats.
Nous mettons le curseur, dans notre dossier, sur un fait avéré : malgré une amélioration toute relative des cotisations, celles-ci n’ont pas résisté à l’augmentation des pensions servies en 2024. Les cotisations ont, en effet, atteint 66,8 milliards de DH alors que les caisses de retraite ont, ensemble, versé 71,1 milliards de DH. De quoi mettre en lumière, encore une fois, les conclusions actuarielles sur la viabilité à long terme de ces systèmes au Maroc.