Virtuellement vôtre !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Pour les non initiés, une question pédagogique d’emblée : c’est quoi, une monnaie virtuelle ? Sujet d’une grande actualité, nous y consacrons la couverture de ce numéro ainsi qu’un article factuel en page 12, en attendant de lui dédier tout un dossier très prochainement.
Bank Al Maghrib, garante de l’orthodoxie financière du pays, précise que la monnaie virtuelle est traditionnellement définie comme une unité de compte stockée sur un support électronique, créée non pas par un Etat ou une Union Monétaire, mais par un groupe de personnes (physiques ou morales) et est destinée à régler les échanges multilatéraux de biens ou de services au sein de ce groupe.
Les monnaies virtuelles ont été conçues comme une alternative à la monnaie traditionnelle, initialement développées au sein de communautés virtuelles, notamment dans le cadre des jeux en ligne. Elles se sont multipliées et leurs possibilités d’utilisation se sont élargies et s’étendent désormais à la sphère réelle.
Au Maroc, la Banque Centrale, naguère réticente, a décidé d’intégrer ce nouveau dogme dans sa gouvernance en plantant les garde-fous nécessaires pour l’ordre, la sécurité et la stabilité des transactions… Ce faisant, l’institution rappelle de manière formelle les risques associés à l’usage des monnaies virtuelles. S’agissant d’une activité non régulée, Bank Al Maghrib, le Ministère de l’Economie et des Finances et l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux attirent l’attention du public sur les risques réels : absence de protection du consommateur, insécurité au plan réglementaire pour couvrir les pertes en cas de défaillance des plateformes d’échange, absence de cadre juridique des usagers de ces monnaies en cas de vol ou de détournement, volatilité du cours de change de ces monnaies contre une devise ayant cours légal, utilisation de ces monnaies à des fins illicites ou criminelles, notamment le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme…
Ces dangers (réels et non potentiels) renvoient automatiquement à la question de fond : évaluer le risque, intégrer la prudence comme paramètre fondamental, ne pas se laisser griser par la «magie» des nouvelles technologies financières… C’est l’esprit même de la communication de Bank Al Maghrib en direction de l’opinion publique, des professionnels et des médias.
Le E-Dirham, très attendu, est une réponse à la question. Aller vers la monnaie virtuelle ? Pourquoi pas ? Mais dans un cadre légal. Sinon, la porte est ouverte aux dérives, aux revers, aux électrochocs et donc aux drames…

