Ces «nouabs» qui insultent l’intelligence de leurs électeurs

PAR HASSAN EL ARCH
C’est fou, l’excitation que suscite la perspective des élections toutes proches. Et c’est plus fou encore, la mémoire sélective dont font preuve beaucoup de nos élus, à l’approche de cette échéance. On se souvient tout à coup, en effet, comme on émerge d’une apnée quinquennale, que l’on représente un quartier, un arrondissement, une «houma» où les citoyens sont allés aux urnes, il y a cinq ans, pleins d’espoir dans un nouveau modèle de gouvernance territoriale.
N’ayant pas honte de le dire : on a les élus que l’on mérite. La gestion de la chose communale est-elle soluble dans l’honnêteté ? C’est la question à deux sous que l’on se pose, à regarder comment la conscience communautaire s’éveille après un long sommeil chez pas mal d’élus. Maintenant que le compte à rebours est enclenché pour le jour «J» des élections de septembre, le sens de la responsabilité revient, la disponibilité est réelle, l’engagement visible et la proximité une vertu…
Avez-vous remarqué le nombre incroyable de nouveaux chantiers publics qui fleurissent ? Parcs, voirie, éclairage, ponts, tunnels, chaussées, façades d’édifices… Qui serait dupe pour croire, un seul instant, à la sincérité de 50% seulement de ces chantiers providentiels ? Le mécanisme de non-report au mandat communal suivant est une théorie qui a vécu. Le contribuable ne s’intéresse pas tellement à l’arithmétique des bilans et aux postes budgétaires mitonnés selon la sauce partisane du moment. Non, il s’intéresse davantage à l’état de ses trottoirs, à la qualité de sa chaussée, à la propreté du jardin dans son quartier. Les «nouabs» qui continuent d’insulter l’intelligence de leurs électeurs en gesticulant à la veille de chaque échéance législative ou municipale ne sont pas dignes de la confiance qui leur a été déléguée. Ils ne font pas honneur à leur mandat.
On comprend, dans un ordre d’idées à peine plus large, que le Souverain ait donné, cette semaine, ses hautes instructions pour que les Ministres poursuivent leurs missions de manière normale jusqu’au dernier jour du mandat gouvernemental. Le Chef de l’Exécutif, Saâd-Eddine El Otmani, en a informé jeudi dernier, en Conseil de gouvernement, l’ensemble de son équipe. L’ordre est on ne peut plus clair : permettre au gouvernement de poursuivre son action tout en prenant en considération le principe d’équité à l’égard des autres partis non représentés au gouvernement, à l’approche des élections.
Nombre de hauts responsables, par ailleurs membres de partis politiques, battent la campagne trop tôt et trop ostentatoirement, en prévision du scrutin. Toute la galerie ne rêve plus que des urnes. Et des scenarii de redistribution des portefeuilles. Faut-il, dès lors, s’étonner que la fièvre gagne les arrondissements et le Conseil de la Ville à Casablanca, à Rabat ou ailleurs ? Le cirque ne fait que commencer !