Trois voyages spirituels à Fès, au cœur des musiques sacrées du monde

Dans le cadre du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde trois spectacles d’exception ont transporté hier vendredi le public bien au-delà des frontières géographiques et temporelles.
Entre la puissance mystique des chants arméniens, la profondeur du flamenco andalou et l’intensité des traditions soufies marocaines, l’expérience a été inoubliable, tissant un lien sacré entre les peuples et les cultures.
Naghash Ensemble : le souffle sacré de l’Arménie
Le Naghash Ensemble, venu d’Arménie, a littéralement envoûté le public de Jnan Sbil, avec une proposition musicale hors du temps. Sur scène, trois chanteuses lyriques classiques dialoguent avec des instruments traditionnels arméniens (duduk, oud, dohol…) et un piano guidé par le compositeur John Hodian. Ensemble, ils redonnent vie aux poèmes du prêtre médiéval Mkrtich Naghash dans une fusion saisissante de folk ancestral, de jazz subtil et d’harmonies inspirées de la pop occidentale. À la fois méditative et explosive, leur musique touche au spirituel. Chaque note, chaque envolée vocale semble convoquer une mémoire profonde, réveillant une ferveur intérieure partagée.
Miguel Poveda : Lorca, Duende et flamenco
Autre moment fort, cette fois à Bab Al Makina : le récital de Miguel Poveda, consacré à Poema Del Cante Jondo de Federico García Lorca. Accompagné du guitariste virtuose Jesús Guerrero, le chanteur catalan incarne avec intensité le duende cher au poète espagnol. Sa voix, tantôt grave, tantôt aérienne, épouse les vers de Lorca dans une interprétation habitée, authentique et bouleversante.
Soutenu par les percussions de Paquito González, les chœurs de Los Makarines et les palmas envoûtantes de Carlos Grilo, Poveda fait renaître l’âme andalouse dans toute sa splendeur. Le public, suspendu à chaque souffle, a vécu une expérience profondément émotionnelle, où le chant devenait prière.
Les Nuits Soufies : la Hamdouchiya en transe mystique
C’est dans l’intimité spirituelle des Nuits Soufies que s’est conclue cette trilogie musicale avec la Hamdouchiya, à Jnan Sbil. Rythmes entêtants, chants d’invocation, percussions répétitives et danses de transe ont plongé les spectateurs dans une atmosphère sacrée. Les membres de la Tariqa, en habits traditionnels, ont offert une performance profondément immersive, où chaque mouvement, chaque souffle semblait habité par le divin. Dans la nuit fassie, les vibrations du Dikr ont fait frémir les feuillages du jardin sacré. Tout simplement merveilleux !
LAIDIA FAHIM