Fès célèbre 44 ans d’inscription à l’UNESCO avec un vibrant hommage à la musique andalouse et soufie

Une célébration unique a animé la capitale spirituelle du Royaume, à l’occasion des 44 ans de son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour marquer cet anniversaire, Fès a offert un spectacle exceptionnel dédié à la musique andalouse, dans le cadre du Festival des Musiques Sacrées. Une très belle prestation «Al Ala», dans une fusion rare avec les traditions soufies.
Sur la scène, 44 musiciens virtuoses du patrimoine musical andalou marocain, réunis sous la direction du grand maître Mohammed Briouel, ont partagé la scène avec 44 «Moussamiines» issus des différentes zaouïas du Royaume, menés par le Cheikh Ali Rebbahi. Ensemble, ils ont offert au public un moment suspendu, une véritable promenade spirituelle à travers les 11 «Noubas» et les «Toubous» de «Al Ala», enrichis par des créations emblématiques des confréries soufies marocaines, telles que les «Mayazines» et «Al Adrajs». À leurs côtés, 20 «Foukaras» sont venus rythmer la cérémonie à travers les battements rituels de la «Hadra», apportant une dimension mystique et vibrante à cette soirée. Cette célébration musicale a mis en lumière une harmonie rare entre deux traditions spirituelles profondément enracinées dans l’histoire et l’âme marocaine : le chant soufi et la musique andalouse.
Les textes chantés, empruntés aux plus grands maîtres soufis comme Omar Ibn Al Fared, Abou Al Hassan Achchushtari ou encore Mohammed Al Harrak, ont résonné avec intensité dans ce décor patrimonial unique. Chaque note, chaque vers récité, portait un message d’union, d’amour divin et de beauté intemporelle.
En conjuguant musique, spiritualité et patrimoine, Fès a une nouvelle fois affirmé son statut de gardienne des arts traditionnels et de la mémoire vivante du Maroc. Un hommage poétique à son passé, mais aussi un message d’espoir tourné vers l’avenir.
Mohammed Briouel, chef d’Orchestre de la musique andalouse de Fès et Directeur de l’Institut Jamaï de la Musique et de l’Art Chorégraphique Fès, a fait la déclaration suivante à notre magazine : «C’était une première historique. Jamais un travail d’une telle ampleur n’avait été présenté, réunissant autant de musiciens et de choristes sur une même scène. Ce projet exceptionnel, conçu spécialement pour le festival, est le fruit d’un engagement profond, d’un effort collectif remarquable et d’une passion partagée. Véritable odyssée artistique, cette œuvre majestueuse raconte l’histoire, le voyage, et le lien intime entre l’humain et la spiritualité. Le spectacle a mobilisé 108 artistes sur scène, dont 44 musiciens, 44 «Mounchidines» et 20 «Fouqaras». Un ensemble impressionnant qui témoigne de la capacité de ce projet à fédérer les énergies et à rassembler autour d’un héritage commun. Nous espérons vivement que ce type d’événement se perpétuera, car il constitue une part précieuse de notre patrimoine. Ce trésor culturel mérite d’être protégé et partagé bien au-delà de nos frontières. Cette fresque musicale, véritable épopée, est un hommage vibrant au Maroc. Elle incarne la fierté d’un pays riche de ses traditions, et c’est à Fès, capitale spirituelle et musicale, que cette œuvre a vu le jour. Nous avons ressenti une immense émotion, une fierté profonde. Ce concert n’était pas simplement une performance; c’était une fresque vivante de notre identité. Monter ce projet n’a pas été simple. Il a fallu surmonter de nombreux défis. Mais la musique andalouse et le «samaâ» portent en eux une âme, une école, une tradition. Autrefois, les musiciens apprenaient dans les «zawiyas», ces lieux spirituels où le «samaâ» se fondait naturellement dans la musique andalouse. Dans les moments de résistance, c’était souvent le «samaâ» qui portait les esprits, tandis que la musique andalouse jouait son propre rôle. Leur fusion est d’une richesse inouïe. Cette année, nous avons travaillé avec rigueur et dévouement pour faire de ce projet un véritable succès. Car à travers lui, c’est l’image du Maroc que nous portons. Un projet de cette envergure exige un haut niveau d’exigence, un sens profond des responsabilités, et une loyauté sans faille envers notre héritage. C’est cette fidélité qui fait notre fierté».
LAIDIA FAHIM