6%
Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Le saviez-vous ? Depuis le début de la guerre en octobre 2023, la bande de Gaza a perdu 6% de sa population qui comptait environ 2,2 millions d’âmes avant le début de la guerre. Ce chiffre est celui des Gazaouis tués dans les bombardements israéliens, portés disparus ou forcés à quitter l’enclave. Pas besoin de sortir la calculette. 6% de 2,2 millions, cela fait 132.000 vies détruites. 48.000 victimes parmi la population civile. Le «reste», près de 84.000 morts-vivants car chassés de leurs terres, dépossédés de leur mémoire, coupés de leurs racines, traités pire que du bétail.
L’ancien ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait trouvé l’inspiration pour qualifier l’identité des Palestiniens à Gaza : ce sont des «animaux humains», disait-il devant les caméras de télévision. Bons pour être éradiqués. Et ne vous y trompez pas. Il ne parlait même pas du Hamas et de ses combattants, non, il parlait des civils gazaouis avec leurs enfants, leurs femmes, leurs familles, leur conscience et leur identité.
Maintenant imaginez, comme dans un film de science-fiction, que 6% de la population israélienne sont exterminés en l’espace d’un an. Cela fait 582.000 victimes sur une communauté de 9,7 millions d’habitants. Selon un scénario hollywoodien où ce sont des Aliens qui «nettoient» Israël et nos pas des soldats terriens, car Tsahal estime être (peut-être à raison) l’armée la plus puissante de l’Histoire humaine. Et ne regardez pas en direction de l’Amérique du Nord. Washington est à la botte d’Israël. Comme l’Europe. Comme l’OTAN. Comme l’Occident tout entier. Pendant que les enfants, les femmes, les vieillards et les malades tombent à Gaza comme des mouches, chaque jour depuis plus d’un an, le «monde libre» regarde ailleurs… Jamais la communauté internationale n’avait encore connu une telle déchéance morale ! En 2025, la conscience humaine se réfugie dans les toilettes. Normal : les bonnes consciences tirent la chasse…
Depuis octobre 2023, Israël est atteinte d’une hystérie jamais vue dans les annales de l’Histoire contemporaine. Une hystérie criminelle qu’on qualifiera simplement d’abjecte, faute d’un terme plus fort dans le dictionnaire. L’armée de Benyamin Netanyahu massacre, chaque jour que Dieu fait, les civils palestiniens par centaines. Et maintenant par milliers. Dieu reconnaîtra les siens, dit-on. Ah bon ? Cette fable tient-elle encore la route ?
On l’a déjà dit sur ces mêmes colonnes : Israël a un grand problème de mémoire. Crimes de guerre… Crimes contre l’humanité… Elle inflige aujourd’hui aux Palestiniens ce qu’avaient enduré les Juifs sous les Nazis pendant la deuxième Guerre mondiale. Très curieusement, à cause de toutes les atrocités commises par l’Allemagne hitlérienne entre 1939 et 1945, le souvenir de l’Holocauste fonctionne en mode sélectif. Censé rester un repère indélébile dans la mémoire commune de l’humanité, ce souvenir s’efface curieusement dès qu’il s’agit, pour le «monde libre», de regarder ce que fait l’État hébreu au Proche-Orient. Tout se passe comme si le passé tragique des uns justifiait la négation du présent des autres. Comme si la douleur des Juifs exigeait la mort des Arabes et des Musulmans. En somme, comme si Israël était définitivement exonéré d’humanité et qu’elle avait un blanc-seing pour éradiquer la Palestine.
Disons-le sans ambages : pour Israël et pour l’Occident, le «problème» de la Palestine est qu’elle est… pleine de Palestiniens. Dès lors, il s’agit de sortir le grand Kärcher dans cette terre maudite pour que les uns vivent, grandissent et prospèrent sur les cendres des autres !