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INTERVIEW

Université, langues, journalisme… La face méconnue de Saida Charaf

Saida Charaf est une figure emblématique de la scène musicale marocaine, reflet vivant de sa richesse et de sa diversité. Avec un parcours académique remarquable en littérature arabe et une expérience professionnelle en journalisme, elle apporte à son art une profondeur et une sensibilité uniques. Après des études à la Faculté des Sciences Humaines de Rabat, suivies d’un diplôme en langue espagnole, elle a démarré sa carrière en tant que correspondante pour la télévision espagnole au Maroc pendant deux ans, avant de s’imposer comme chanteuse incontournable de la musique sahraouie. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de sa participation au Festival National des Arts Populaires (FNAP) de Marrakech.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de participer au Festival National des Arts Populaires ?

Participer au Festival National des Arts Populaires est pour moi un immense honneur et une grande fierté. Ce festival est bien plus qu’un simple événement : c’est un hommage vivant à l’âme de notre culture et à la richesse des expressions artistiques marocaines, profondément enracinées dans notre histoire. En tant qu’artiste sahraouie, je ressens une grande responsabilité à porter cette voix et à contribuer au dialogue national autour de notre patrimoine vivant. C’est toujours une émotion forte de retrouver le public marocain lors d’une occasion aussi prestigieuse, entourée de talents venus de toutes les régions du pays.

Le public du FNAP est très diversifié. Comment adaptez-vous votre performance à un public aussi large ?

La diversité du public est, à mon sens, l’un des aspects les plus enrichissants du Festival National des Arts Populaires. Le FNAP rassemble des spectateurs de tous horizons, de différentes régions et de toutes générations, ce qui me pousse à concevoir ma prestation comme un pont entre tradition et modernité. Je veille à proposer un répertoire fidèle à mes racines tout en intégrant des éléments accessibles, pour que chaque personne puisse se sentir concernée.

Vous avez suivi des études universitaires avant de vous lancer pleinement dans la musique. Pouvez-vous nous en parler ?

Avant de me consacrer pleinement à la musique, j’ai suivi des études à la Faculté des Sciences Humaines de Rabat où je me suis spécialisée en littérature arabe. Parallèlement, j’ai étudié l’espagnol, obtenant ainsi un second diplôme. Ces années d’études ont été très enrichissantes : elles ont ouvert mon esprit, affiné ma sensibilité à la poésie et à la richesse de notre langue. Par ailleurs, j’ai travaillé pendant deux ans comme journaliste pour une chaîne de télévision espagnole, en tant que correspondante au Maroc. Cette expérience m’a permis d’observer la société de près et d’apprendre à écouter avec attention, ce qui nourrit aujourd’hui encore mon regard artistique.

Comment vos études ont-elles influencé votre approche artistique ?

Mes études ont joué un rôle fondamental dans ma construction artistique. Elles m’ont permis de développer une sensibilité plus profonde aux mots, à leur charge émotionnelle et symbolique. La richesse de la littérature arabe, avec ses trésors poétiques, nourrit largement mon univers musical. Cette formation m’a apporté une rigueur certaine, mais aussi une liberté d’interprétation, car la musique n’est pas seulement une émotion brute : c’est aussi une réflexion, un dialogue avec le texte. J’ai appris à écouter, analyser et prendre du recul, ce qui enrichit chaque performance.

Avez-vous rencontré des difficultés à concilier études et passion pour la musique à vos débuts ?

Je n’ai pas vraiment rencontré de difficultés à concilier mes études et ma passion pour la musique, car j’ai toujours été très studieuse et organisée. Cette rigueur m’a permis de gérer efficacement mon temps entre les cours et les répétitions. Pour moi, l’éducation était un pilier important, qui venait enrichir mon parcours artistique plutôt que de le freiner. Grâce à cette discipline, j’ai pu avancer sereinement dans les deux domaines sans sacrifier ni l’un ni l’autre.

On dit que l’éducation a un rôle fondamental à jouer dans la valorisation de notre patrimoine musical…

Oui, sans aucun doute. L’éducation est essentielle pour transmettre et préserver notre riche patrimoine musical. Il ne suffit pas seulement d’écouter ou de pratiquer nos traditions, il faut aussi comprendre leur histoire, leur signification et leur contexte culturel. En sensibilisant les jeunes générations à travers des programmes éducatifs adaptés, on leur donne les clés pour aimer, respecter et faire vivre cette culture. C’est un investissement crucial pour que notre musique continue d’être une source de fierté et d’identité pour le Maroc. Il faut transmettre aux jeunes non seulement les chants et les mélodies, mais aussi leur sens, leur histoire, leur contexte.

Que diriez-vous aux jeunes artistes marocains qui hésitent entre études et carrière artistique ?

Je leur dirais que ce n’est pas une fatalité que de choisir entre études et carrière artistique dès le départ ! Les deux peuvent se nourrir mutuellement. L’éducation offre des outils essentiels. Elle ouvre l’esprit, développe la rigueur, enrichit la créativité et apporte une meilleure compréhension du monde. Pour un artiste, cela peut faire toute la différence dans la manière d’exprimer son art et de gérer sa carrière.

LAIDIA FAHIM

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