«Le Maroc a une culture de consommation qui lui est propre, fruit de plusieurs siècles d’art de vivre»

C’est la mission de la société civile et des médias de promouvoir une prise de conscience consumériste plus généralisée. Telle est la conviction de Dr Nabil Taoufik, patron de ConsoNews. Dans cet entretien, l’expert estime par ailleurs que la notion même de droit du consommateur au Maroc obéit à une approche culturelle locale, différente de celle que l’on peut observer dans un pays occidental.
Votre magazine ConsoNews organise, le 3 juin à Casablanca, la 5ème édition du «Moroccan Consumer Day». Cette année, vous avez choisi le thème «Impact de l’Intelligence Artificielle sur la relation marques-consommateurs : quelle éthique pour quels usages ?». Un mot sur ce choix…
Qu’on le veuille ou non, et souvent sans même se poser la question, la technologie finit par s’infiltrer dans notre vie quotidienne et dans nos usages. Cela a été le cas pour la radio, la télévision, l’ordinateur, le smartphone… Et aujourd’hui, c’est d’autant plus vrai pour l’Intelligence Artificielle (IA) qui se propage à une vitesse impressionnante. Le choix de cette thématique pour le «Moroccan Consumer Day 2024» était donc presque naturel. L’idée est de comprendre comment l’IA impacte notre façon de consommer et d’évaluer les risques potentiels associés.
Cette édition 2024 verra le retour des «Moroccan Consumer Awards», visant à célébrer les marques qui s’engagent envers les consommateurs. Ces trophées récompenseront les initiatives innovantes, les politiques de prix favorisant le pouvoir d’achat et les stratégies de distribution qui rendent les produits plus accessibles. Quels critères retenez-vous pour déterminer le mérite des marques répondant à cette préoccupation ?
Les marques qui soumissionnent aux «Moroccan Consumer Awards» doivent répondre à des questions précises pour évaluer leur degré d’engagement en faveur d’une meilleure consommation. Cela inclut des prix plus abordables, une politique de distribution plus accessible, une innovation démocratisant une technologie ou encore des actions notables de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) ainsi que la promotion du Made in Morocco. De plus, un Prix particulier récompensera la longévité des marques. Le Maroc compte aujourd’hui plusieurs entreprises centenaires. Cela mérite d’être mis en avant.
Estimez-vous qu’au Maroc, les temps ont changé et qu’il existe désormais une culture consumériste telle qu’on la voit dans les pays avancés ? En d’autres termes, les droits du consommateur au Maroc sont-ils devenus une réalité ou pas encore ?
Il est certain que le Maroc possède une culture de consommation qui lui est propre. C’est le fruit de plusieurs siècles d’art de vivre et de vivre-ensemble ! La notion même de droit du consommateur obéit à une approche culturelle locale différente de celle que l’on peut observer dans un pays occidental. Le consommateur marocain recherche l’authenticité, la générosité et la confiance. Lorsqu’il se sent trompé, il ne renouvelle pas son achat, voire boycotte massivement, comme nous l’avons vu, il y a quelques années. Les recours judiciaires et légaux restent des options peu activées. À mon avis, il est de la mission de la société civile, et bien sûr des médias, de promouvoir une prise de conscience consumériste plus généralisée.
Entretien réalisé par HASSAN EL ARCH