Web
Analytics
EDITO

Le virus tue. Les faillites et le chômage aussi

PAR HASSAN EL ARCH

C’était assurément l’événement médiatique de la semaine, pour ne pas dire du mois. Le reveal (comme disent les spécialistes du marketing) à Casablanca de la nouvelle stratégie de l’ONMT pour sauver les meubles dans l’écosystème touristique focalise les débats depuis le 22 avril. Du moins parmi ceux que le devenir du secteur interpelle, inquiète, angoisse même. Ce jour-là, le patron de l’Office National Marocain du Tourisme, Adel El Fakir, a assuré un show à l’anglo-saxonne, présentant le nouveau dispositif marketing et commercial du Maroc aux niveaux national, international et institutionnel. «Cela fait un peu plus d’un an que le secteur touristique est frappé de plein fouet par la pandémie. Malgré la complexité des problématiques soulevées par la situation sanitaire au fil des mois derniers, nous avons effectué un travail de fond sur de nombreux fronts, études de marché, stratégie de marques, stratégie de produits, afin de mettre en place les outils idoines pour la reprise. Nous nous sommes inscrits dans une logique de concertation, d’écoute et d’échanges avec les partenaires nationaux et internationaux», a-t-il d’emblée déclaré face aux nombreux médias pressés de savoir de quoi il retourne à moins de trois mois de la saison estivale.

Il y a, en effet, péril en la demeure. C’est un lieu commun que de le souligner. L’impact du «Covid-19» sur l’économie a occasionné, dans ce secteur, des dégâts directs et collatéraux estimés par les spécialistes à plus de 46 milliards de DH depuis mars 2020. Mais comme nous l’expliquons dans le dossier central de ce numéro (pages 18 à 29), l’ONMT n’est pas la seule institution à chercher une sortie de crise et prescrire des pistes pour sauver ce qui peut l’être. Le Conseil Économique, Social et Environnemental, lui aussi, s’est porté au chevet du tourisme et a identifié des leviers de relance. De leur côté, les professionnels, hôteliers, voyagistes, transporteurs, restaurateurs et prestataires de l’événementiel ont proposé aux autorités des scenarii alternatifs. La finalité : capter une clientèle nationale que l’on regarde depuis quelque temps comme un naufragé regarde une planche de salut.

En tout état de cause, on assure au ministère de tutelle, la main sur le cœur, que le tourisme estival intérieur sera plus important qu’en 2020, mais l’on reste bien évidemment dubitatif quant à une éventuelle 3ème vague du coronavirus. Et tout porte à croire que l’on n’y coupera pas si deux calamités se confirment dans la courte perspective. D’abord, l’attitude irresponsable, quasi-criminelle, des boute-feux qui n’en finissent pas de haranguer le peuple sur les réseaux sociaux, incitant à faire des sit-in, à investir la rue au mépris des règles de sécurité sanitaire qui engagent tous les citoyens. Ensuite, le relâchement social qu’amène la joie de l’Aïd Al Adha qui se profile dans le sillage du Ramadan. À moins que le gouvernement ait retenu la leçon de 2020 lorsqu’il avait autorisé les célébrations du sacrifice en pleine déflagration virale ! Quoi qu’il en soit, l’été promet d’être chaud. Et pas seulement du côté du mercure. La stratégie des pouvoirs publics, dévoilée il y a quelques jours, aux médias, laisse entendre que les fondamentaux du tourisme restent sains. Soit. Mais l’État ne peut garder indéfiniment ce secteur sous perfusion. Et l’on se retrouve face au choix cornélien : la santé ou l’économie. Le virus tue. Les faillites et le chômage aussi !

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button