Le capital-investissement au Maroc a surfé sur la crise sanitaire

L’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) vient de dévoiler son rapport sur l’impact de la pandémie du «Covid-19» sur ce stratégique secteur d’activités. Baisse limitée du chiffre d’affaires des entreprises engagées, hausse des montants levés, nouveaux investissements mis en place… Autant de faits qui confirment le rôle déterminant du Private Equitiy (capital-investissement) dans la résilience du tissu économique au Maroc.
Par Etienne Dally
«L’organisme Inforisk estimait la baisse moyenne du chiffre d’affaires des PME au niveau national pour l’année 2020 à 32%, à cause de la crise inédite liée à la pandémie. Les entreprises accompagnées par nos fonds d’investissement ont réussi à limiter cette baisse à 20%». Le ton est donné par Tarik Haddi, président de l’AMIC (Association Marocaine des Investisseurs en Capital). La baisse du chiffre d’affaires varie d’un secteur à l’autre. Les branches de l’industrie chimique, du négoce ou de l’IT sont les moins impactés par rapport aux secteurs primaire et du BTP. Pour soutenir leur résilience et leur agilité en cette période de crise sanitaire, les entreprises engagées ont fait appel aux mécanismes de soutien instaurés par l’État. En effet, 46 entreprises (sur 108 participantes à l’étude) financées par le capital-investissement ont demandé à bénéficier du programme «Damane Oxygène» et 38 autres ont bénéficié du programme «Damane Relance».
Quid des mesures d’accompagnement ?
Sur ces 84 entreprises bénéficiaires, 17 ont négocié des lignes de crédit supplémentaires, autres que «Damane», afin de couvrir les charges de fonctionnement. 40 autres entreprises ont bénéficié de l’indemnité forfaitaire instituée par la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale), dont 19 sociétés ont reçu un complément à cette indemnité. Du côté des sociétés de gestion, 22% d’entre elles ont négocié des modifications au niveau de la politique d’investissement avec les bailleurs de fonds. Ainsi, plus de 80% des participations des fonds de l’AMIC ont accédé aux mesures d’accompagnement en 2020. Par ailleurs, 33% des sociétés de gestion ont mis en place un Comité spécial pour suivre l’impact du «Covid-19» sur les participations.
Afin d’être bien accompagnées et faire un suivi pointu de l’activité durant la crise, 56% des sociétés ont mené des actions spécifiques, par exemple des négociations pour de nouveaux délais aux clients, recouvrement des créances, reports des échéances bancaires, reporting mensuel, suivi des effectifs, suivi de la trésorerie… «Ces mesures confirment les résultats significatifs obtenus au niveau de la variation du chiffre d’affaires, mais également la résilience observées chez les entreprises. Cette légère baisse du chiffre d’affaires confirme également que le capital-investissement améliore la solvabilité des entreprises, essentiellement des PME, et donc leur capacité d’endettement», affirme le président de l’AMIC. «Cela démontre la confiance dont bénéficie le secteur», souligne pour sa part Slimane Ed-Dafali, enseignant-chercheur en finance à l’Université Chouaïb Doukkali d’El Jadida.
Le capital-développement toujours en force
En ce qui concerne les levées de capitaux, «1,35 milliards de DH de fonds ont été levés en 2020 contre 1,18 milliards de DH en 2019, soit une hausse de près de 14%», révèle le rapport de l’AMIC. Ces levées de capitaux ont été réalisées par quatre fonds dont trois sont dédiés exclusivement à l’investissement au Maroc et un fonds destiné à l’investissement transrégional. À ce niveau, «il y a une amélioration par rapport à l’année précédente alors qu’on s’attendait à une baisse significative de ces montants», commente Omar Benchekroun, consultant sénior chez le cabinet Fidaroc Grant Thornton. Les investissements réalisés sur le territoire national en 2020 ont été opérés par huit sociétés de gestion et se sont établis à 804 millions de DH, contre 765 millions de DH en 2019 (soit une hausse de 5%). Vingt entreprises ont été engagées en 2020 contre seulement neuf en 2019. «Malgré le contexte de crise sanitaire, le secteur a pu maintenir un rythme d’investissement soutenu et même plus élevé qu’en 2019», révèle Tarik Haddi.