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EDITO

Il y a tapis rouge et tapis rouge…

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

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«Dieu gardez-moi de mes amis. Mes ennemis, je m’en occupe». Antigone II Doson, ancien Roi de Macédoine, avait immortalisé cette succulente répartie face à l’adversité. La phrase a traversé les âges, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Métaphore à part, que peut-on attendre de Madrid ? La visite officielle qu’effectue Pedro Sanchez, cette semaine, au Maroc n’est pas la première. Elle ne sera assurément pas la dernière. Mais cette visite-ci pose davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses. L’invitation du Souverain au Chef du gouvernement espagnol est pleine de symbolique et donne du sens et de la profondeur à ce qui se passe actuellement entre Rabat et Madrid. Elle met aussi en perspective les court et moyen termes d’une relation sur laquelle on pourrait épingler un «je t’aime moi non plus» révélateur de beaucoup de choses…

Passionnée, imprévisible, ambivalente… La relation entre les deux pays a plus d’une fois mis à l’épreuve la capacité d’analyse des politologues et autres prospectivistes de la géostratégie. Car elle a constamment évolué au gré des humeurs à Madrid, selon la couleur de la majorité au pouvoir, des coalitions au parlement et des courants qui n’en finissent pas de traverser la société civile. Le Maroc a fait l’expérience de ces «humeurs» avec le bon José Luis Rodriguez Zapatero, Chef du gouvernement de 2004 à 2011, porté par le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) aux commandes dans un sacre inédit. Qui se souvient, aujourd’hui, qu’à peine adoubé, il avait choisi le Maroc pour sa toute première sortie officielle hors-Espagne ?

La relation a été moins loquace avec un ténébreux Mariano Rajoy, mandaté Chef de l’Exécutif de 2011 à 2018, grâce à une lame de fond du Parti Populaire (PP). Probablement l’épisode le plus compliqué dans les relations de voisinage et de coopération.

Aux côtés des deux grandes formations politiques, le parti de gauche radicale Podemos, fondé en 2014, et le parti d’extrême-droite Vox lancé en en 2013, sont venus s’incruster avec une rhétorique raciste et un discours sur «l’étranger» qui a mis la diplomatie de Madrid plus d’une fois sur le fil du rasoir. Encore heureux qu’ils n’aient pas eu à gouverner…

Et voilà notre ami Pedro Sanchez qui reprend en 2018 le flambeau, sous le PSOE, pour une présidence reformatée sur un nouveau logiciel. Il a œuvré à rafraîchir la politique étrangère espagnole envers le Maroc avec beaucoup de bonnes intentions et peu de résultats. Le couac du tapis rouge déroulé en avril 2021 pour le Chef du Polisario, Brahim Ghali, est toujours dans les mémoires. Mais le fringant Chef du gouvernement espagnol, sans faire ouvertement amende honorable, a témoigné tout récemment sa volonté d’écrire avec le Maroc une nouvelle page de bon voisinage, d’amitié, de coopération et de respect dans le vrai sens du terme. C’est à lui que le tapis rouge a été déroulé hier à Rabat, à l’invitation du Souverain. Voilà pourquoi nous lui disons sur notre couverture, dans la langue de Cervantes : «Bienvenue Monsieur le Président».

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