Bannière CAM SIAM 2025
BAROMÈTRE

Sexisme dans les lycées : l’ADFM tire la sonnette d’alarme

À l’occasion de son 40ème anniversaire, l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) a dévoilé une étude inédite sur les stéréotypes sexistes dans les lycées marocains, un rapport-choc qui met en lumière l’ampleur des préjugés encore ancrés dans le système éducatif. Intitulée «Recueil des préjugés et des stéréotypes sexistes véhiculés dans les lycées», cette recherche s’inscrit dans le cadre du programme «Génération Genre» et de la dynamique «Pour une école de l’égalité».

L’étude a été menée dans treize lycées situés dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat, auprès d’élèves âgés de 15 à 19 ans, mais aussi d’enseignants et de personnel administratif. Elle met en lumière des mécanismes insidieux qui perpétuent les inégalités de genre à l’école, au moment même où les adolescents et adolescentes construisent leur identité et projettent leur avenir.

Le constat est sans appel : les lycées ne sont pas à l’abri du sexisme, bien au contraire. Le rapport dénonce la persistance de stéréotypes liés au genre, à l’apparence physique et aux traits de personnalité. Les filles y sont encore perçues comme plus émotives et faibles, tandis que les garçons incarnent la rationalité et l’autorité. Ces clichés influencent fortement les choix d’orientation, et donc les perspectives professionnelles.

Le rapport alerte également sur une transformation du discours sexiste : plus subtil, plus «bienveillant», il se dissimule derrière des références à l’égalité tout en maintenant des hiérarchies traditionnelles.

Autre point marquant : la fausse mixité. Si les filles et les garçons partagent les mêmes espaces, ils évoluent souvent dans des cercles séparés, que ce soit en classe, dans la cour ou lors d’activités sportives. Ce cloisonnement renforce les inégalités et les préjugés.

Le contenu pédagogique n’échappe pas à la critique. L’étude révèle une «transmission aveugle» de stéréotypes via les manuels scolaires, où les figures féminines sont souvent cantonnées à des rôles passifs ou peu valorisants. Les enseignants, faute de formation sur la question du genre, reproduisent ces biais sans les interroger.

Les espaces numériques, très fréquentés par les adolescents, sont également pointés du doigt. Images stéréotypées, discours anti-féministes, influenceurs sexistes : autant de contenus qui renforcent des visions rétrogrades du rôle des femmes et des hommes.

Pour l’ADFM, l’école peut devenir un véritable creuset de l’égalité, à condition d’en faire une priorité politique. À travers cette importante étude et les actions futures, l’association appelle les institutions, la société civile et les familles à unir leurs efforts pour bâtir une société plus juste, où filles et garçons puissent grandir et apprendre en toute équité.

L. F.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button