Ce qui changera dans les hôpitaux publics au Maroc dès 2022

Réorganiser et restructurer le système public de la santé afin de pallier à une insuffisance en termes d’offre de soins. C’est le pari du ministère de la Santé qui, à travers le projet de Loi de Finance 2022, déploie un plan d’actions à court terme. Le but : une amélioration du dispositif sanitaire mis-en mal par la crise du «Covid-19».
Selon le rapport qui accompagne le projet de Loi de Finance 2022, «les indicateurs de production de soins des hôpitaux publics ont enregistré une nette régression en comparaison avec ceux enregistrés en 2019, et ce, en raison de la pandémie du coronavirus survenue en 2020». Produit les Services de l’État Gérés de Manière Autonome (SEGMA), sous tutelle du ministère de la Santé, le rapport montre cependant que les admissions en hospitalisation complète se sont chiffrées à 635.247 en 2020 contre 1.061 619 en 2019, soit une baisse de 40,2%. À l’instar des admissions en hospitalisation complète, les hospitalisations de jour ont également chuté de 46,6% en passant de 1.094.391 en 2019 à 584.060 en 2020. Les journées d’hospitalisation ont aussi enregistré une baisse de 51,6%, passant de 4.976.102 en 2019 à 2.408.764 en 2020. «La plus forte baisse a été enregistrée au niveau des interventions chirurgicales majeures avec -82,6%, passant de 270.531 en 2019 à 47.048 en 2020», révèle le rapport.
On est très loin du ratio de l’OMS !
Afin d’améliorer la prise en charge de ces urgences médicales en chute libre, le projet de Loi de Finance prévoit, au titre de l’année 2022, un plan d’actions adapté. L’ensemble des SEGMA relevant du domaine de la santé sont concernés. Ainsi, plusieurs actions sont en cours, notamment le renforcement des ressources humaines des urgences. Il faut noter que le Maroc souffre d’un déficit de professionnels dans le secteur de la santé. Le Royaume dispose actuellement de 1,65 professionnel de santé pour 1.000 habitants alors que le minimum recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est de 2,3 soignants (médecins, infirmiers et sages-femmes) pour 1.000 habitants, le but étant de couvrir convenablement les besoins en termes de soins de santé de la population.
Dans cette optique, le ministère de la Santé et de la Protection sociale mise sur une formation annuelle de 3.300 médecins pour renforcer l’effectif médical actuel. Le projet de Loi de Finance prévoit par ailleurs un programme de formation au profit des professionnels ainsi que l’aménagement et l’équipement des SAMU (Services d’Aide Médicale Urgente). Le ministère de tutelle prévoit également une «amélioration des services de santé par le renforcement du financement, de la gestion et de la gouvernance des établissements hospitaliers».
Rappelions que les SEGMA relevant du secteur de la santé sont au nombre de 91 actuellement. Il s’agit de 77 centres hospitaliers, 6 hôpitaux militaires et 3 centres médicaux chirurgicaux, un centre national de transfusion sanguine (Rabat), un centre régional de transfusion sanguine (Casablanca), un Institut National d’Hygiène (INH), un centre national de radioprotection en plus de la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP). Ces entités représentent 52,6% de l’ensemble des SEGMA nationaux, qui sont au nombre de 173 unités.
Quid de l’Observatoire des médicaments ?
S’agissant du domaine des médicaments et de la pharmacie, le ministère de la Santé et de la Protection sociale affiche plusieurs réalisations au titre de l’année 2020 et du premier semestre 2021, parmi lesquelles figure l’achèvement à hauteur de 95% des travaux d’aménagement des locaux du nouveau Laboratoire de microbiologie. La Direction du Médicament et de la Pharmacie, sous tutelle du ministère de la Santé, a procédé à la fixation des prix de 86 médicaments, l’homologation des prix de 228 médicaments génériques, la baisse des prix de 456 médicaments et la hausse des prix de 13 médicaments. À cela s’ajoute la finalisation du rapport sur l’évaluation de l’impact du nouveau Décret de fixation des prix des médicaments.
Pour ce qui est du renforcement du contrôle du secteur pharmaceutique, le taux de réalisation des inspections des établissements pharmaceutiques industriels a atteint 30%. Il est de 70% pour les inspections des établissements pharmaceutiques grossistes répartiteurs, de 30% pour les inspections des officines, de 98% pour les inspections des réserves des médicaments dans les cliniques et de 70% pour l’élaboration du projet de décision relative à la régionalisation de l’activité de l’inspection effectuées par les pharmaciens inspecteurs. «Pour l’année 2022, la Direction du Médicament et de la Pharmacie prévoit la dématérialisation progressive des processus de contrôle qualité, d’enregistrement et d’évaluation des dossiers», note le rapport, ajoutant que le Département des médicaments et de la Pharmacie du ministère de tutelle compte également renforcer, pour 2022, les missions de l’Observatoire National des Médicaments et Produits de Santé en procédant à l’élaboration d’un plan national de prévention contre la pénurie des médicaments et d’une base de données permettant le suivi du stock national des médicaments et produits de santé. «Parmi les autres mesures prévues, figurent le renforcement du contrôle du secteur et la poursuite des actions de lutte contre le circuit illicite des médicaments et produits de santé», rappelle la Direction du Médicament et de la Pharmacie.
Alerte sur les campagnes de collectes de sang
Le nombre des donneurs de sang recensés au niveau des centres de transfusion sanguine du Royaume et à l’extérieur dans différents établissements et institutions de santé, a atteint 296.841 personnes en 2020. Un chiffre en recul de 11,3% par rapport à 2019, année où les donneurs de sang étaient au nombre de 334.510. Cette diminution s’explique par les mesures exceptionnelles prises suite à la crise sanitaire du coronavirus. La situation épidémiologique a ainsi entraîné l’annulation de plusieurs campagnes de collecte de sang programmées durant l’année. Pour faire face à cette crise, plusieurs campagnes de dons de sang ont été réalisées en 2021. Les programmes d’action des centres de transfusion sanguine en 2021 et 2020 ont porté sur la mise en place d’une stratégie de communication et de fidélisation des donneurs ainsi que l’amélioration de leur accessibilité aux sites de collecte. Il est également prévu de multiplier les sites de collectes, tels que les groupes mobiles, dès l’année prochaine. À mentionner aussi l’acquisition d’un automate au niveau du centre de transfusion sanguine de Casablanca, permettant la recherche d’anticorps irréguliers chez tous les donneurs ainsi que la mise en place d’un centre d’archivage des documents en format papier. Il sera aussi procédé à l’automatisation des différentes étapes de collecte en vue d’une meilleure traçabilité en 2022.
ETIENNE DALLY