TROP, C’EST TROP !

PAR HASSAN EL ARCH
LE TEMPS joint sa voix à celle des médias marocains et dénonce l’abjecte campagne menée récemment par la chaîne de télévision algérienne «Echourouk» contre le Royaume du Maroc, ses valeurs et ses symboles avec, à leur tête, S.M. le Roi Mohammed VI. Un collectif composé de professionnels de la presse nationale, toutes tendances confondues, a signé mardi dernier une pétition (dont une copie a été transmise à la MAP) fustigeant les dérives «journalistiques» de «supports» notoirement aux bottes des généraux à Alger.
Nous nous indignons bien évidemment, à l’instar de tous les médias, de toutes les strates de la société marocaine et de tous les patriotes que compte le pays, qu’«Echourouk» a offensés avec la bénédiction du pouvoir algérien. Oui, bénédiction, le pouvoir en question n’ayant, à ce jour, fait aucune déclaration officielle sur ce fait d’une gravité exceptionnelle.
Le collectif des signataires ne fait pas que s’indigner et exprimer la colère d’environ 36 millions de Marocains. Il prend à témoin la communauté internationale, en particulier l’Union Européenne «dont la responsabilité est engagée à l’égard de la Méditerranée» et l’alerte sur le risque de «jouer le jeu de vieux généraux algériens arc-boutés sur la rente gazière, adeptes de la politique de la terre brulée».
Dans le dossier que nous consacrons à la question (pages 6 à 9), nous relayons par devoir envers nos lecteurs et l’opinion publique la teneur de cet appel où des plumes parmi les plus respectables du Royaume s’indignent et pointent la fuite en avant de la nomenklatura algérienne, «un régime militaire aux abois, dont le pouvoir est finissant et qui risque d’embraser la région et de la faire entrer dans une spirale de violence sans fin, dont ni le Nord ni le Sud ne sortiront indemnes».
L’Algérie des généraux, non pas l’Algérie du peuple; l’Algérie des politiciens rentiers, non pas celle de la rue muselée; cette «Algérie»-là n’en finit pas de vouloir en découdre avec le Maroc ! Une histoire de «fraternité» qui remonte désormais à 45 ans. Excusez du peu… Un élan «fraternel» dont on ne sent toujours pas le fléchissement, alors que des générations sont nées de part et d’autres des frontières, depuis la récupération par le Royaume de son Sahara en 1975. Comme l’écrit avec éloquence notre confrère Hassan Alaoui, politologue et journaliste, dans sa Tribune en pages 8 et 9 de cette édition : «Les tares congénitales d’un boumediènisme acrimonieux contre Feu Hassan II et ses succès restant vives, voilà que ses héritiers, la bassesse chevillée au corps, nous ramènent dans le cloaque !». On comprend que la chaîne de télévision «Echourouk» se vautre dedans et que ses commanditaires lui donnent leur bénédiction derrière les murs du «Palais El Mouradia».
On en est là avec notre voisin algérien, en ce février 2021. Près d’un demi-siècle de haine, de jalousie, de sournoiserie et de complotisme charriés par le vent de l’Est. Empoisonnant le voisinage. Enterrant le rêve du Grand Maghreb Arabe. Menaçant la stabilité de cette région de la Méditerranée. Trop, c’est trop.