PAR HASSAN EL ARCH
On ne risque pas trop de se tromper en disant que personne n’aimerait être aujourd’hui dans les costumes de Khalid Aït Taleb et Saâd-Eddine El Othmani. Le Ministre de la Santé vit le plus grand stress de sa carrière (passée et probablement aussi à venir) avec la lame de fond «Covid-19». Le Chef du Gouvernement porte la plus grosse pression de son mandat dans l’Exécutif comme à la tête de sa formation politique. Pour la même raison covidienne…
Tous les deux ne doivent pas dormir beaucoup depuis un certain 2 mars 2020. Ou très mal alors s’ils ont une conscience qui se respecte. Ce dont nous ne doutons point. Dans le staff qui gère les affaires du pays en ce moment, ce sont assurément les deux hauts responsables qui ont le pire des rôles ! Expliquer à 36 millions de concitoyens pourquoi la campagne nationale de vaccination a pris tant de retard. Révéler les raisons qui empêchent le pays de recevoir ses commandes de vaccins. Donner au peuple l’information juste, en temps réel, sur la situation épidémiologique. Éclairer l’opinion publique sur le péril que représente réellement la variante du coronavirus désormais parmi nous. Traiter tout simplement les Marocains en adultes, ce qui est le «minimum syndical» attendu d’un gouvernement qui se respecte.
Parce qu’ils sont un peu plus exposés que leurs coéquipiers dans l’Exécutif (pandémie oblige), le Ministre de la Santé et le Chef du Gouvernement en prennent pour leur grade, chaque semaine que Dieu fait. De la part du chauffeur de taxi, du promoteur immobilier, de l’institutrice, du trader en Bourse, du serveur de restaurant, du vieux retraité, de la jeune doctorante, du gardien de voitures et de toutes celles et ceux qui se méfient de la communication formatée du gouvernement. Ils n’ont pas tort, dans le fond. Mais tant que les «paramètres» ne leur sont pas expliqués de manière convaincante, difficile de leur en tenir rigueur ! Et les gens se méfient d’autant plus qu’on leur en dit moins ! Terrible, cette défiance que la «Covid-19» a imposée, depuis un an, dans les rapports entre administration et administrés…
Et pourtant, pourtant… Ni Khalid Aït Taleb ni Saâd-Eddine El Othmani n’ont péché par incompétence. Leurs marges de manœuvre, en tant que Commis de l’État, est proche de zéro étant donné les circonstances. Ils cristallisent la colère que leur projette Monsieur-Tout-Le-Monde. La peur du lendemain, aussi. La visibilité quasi-nulle sur le court terme. Les questions sans réponses et les réponses qui ne collent pas aux questions. Qui a dit que briguer un portefeuille ministériel était une paisible partie de pêche ?
