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EDITO

Péril dans les deux sens de l’équation

PAR HASSAN EL ARCH

Le reconfinement du pays n’est pas souhaité, mais il est dans l’air… L’avertissement (c’en est un) est formulé par le Chef du gouvernement qui s’adressait, mardi dernier, aux membres de la Chambre des Conseillers. Ce jour-là, Saâd-Eddine El Othmani s’adonnait à un exercice où – pratique parlementaire oblige – il a appris à exceller depuis son investiture, le 17 mars 2017. C’est le flot ronronnant des questions-réponses auquel, chaque semaine, l’Hémicycle invite les Marocains à s’abreuver. En l’occurrence, c’étaient pour l’essentiel des échanges liés à la situation économique et sociale du Royaume ainsi qu’aux répercussions de la pandémie «Covid-19».

Les fake-news n’y ajoutent rien. Le spectre du reconfinement plane, en effet, au-dessus de nos têtes. Même si la récente fausse circulaire annonçant un retour du cauchemar a fait un buzz de tous les diables sur le web avant d’être officiellement démentie, l’hypothèse n’en reste pas moins plausible. Le Chef de l’Exécutif nous en a sonné les cloches : «notre pays est à l’image du reste du monde. On vit avec l’impact de la crise du coronavirus. C’est la deuxième vague ! C’est ce qui nous a poussés à prolonger plusieurs fois l’état d’urgence. Les chiffres nous obligent à le faire».

Pour ceux qui en doutaient encore, les voilà donc fixés sans fake-news, ni téléphone arabe. Le reconfinement est bel et bien une option sur le bureau de Si El Othmani ! Les chiffres qu’il invoque dans sa mise en garde au Parlement vont peut-être bientôt lui fournir un alibi sans appel : le décret actant le retour au confinement à l’échelle nationale. Improbable ? C’est ce que croit la moitié de la population. Dans la rue, en effet, un concitoyen sur deux rejette l’idée même d’un tel scénario. Le souvenir tout frais de l’astreinte à domicile hante encore les mémoires. Et pourtant, c’est que nous promettent aujourd’hui les indicateurs épidémiologiques. Le compteur de la pandémie est bloqué depuis plusieurs semaines entre 3.000 et 4.000 nouveaux cas chaque jour. La cote d’alerte est là. Rien ne semble devoir endiguer la deuxième vague !

Inconfortable posture que celle du gouvernement, en fin de compte… «Otage» autant du devoir de protection des citoyens que de la nécessité de la relance économique. En matière de dilemme cornélien, il y a moins pénible. Car la question qui se pose – sans qu’il y ait pour autant une réponse préformatée – est de savoir comment concilier fermeture des villes et ouverture du ciel. Verrouillage des quartiers et encouragement au travail. Suspension des mouvements interurbains et maintien du commerce et des services. On peut toujours, certes, trouver des compromis. Défendre la chose et justifier son contraire. Vouloir la santé économique et minimiser la santé mentale. Des pays bien plus avancés que le nôtre calent péniblement sur ce questionnement existentiel.

C’est peut-être là le défi absolu que nous lance la «Covid-19». Péril dans les deux sens de l’équation ! Et nous en somme déjà au 9ème mois à phosphorer là-dessus. Dans le rétroviseur, près de 4.000 décès et plus de 230.000 cas. Et pourtant, de courageux touristes belges, britanniques, espagnols et français continuent de prendre l’avion pour venir passer de bons moments dans ce Royaume qu’ils aiment. Que nous aimons tous. Que nous voulons plus sain et plus prospère que jamais !

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