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EDITO

10 juillet, dites-vous ?

PAR HASSAN EL ARCH

A trois semaines des chaleurs aoûtiennes, qui ne seront peut-être pas plus oppressantes que celles qui viennent de nous terrasser cette semaine, les esprits se chauffent sans l’aide du mercure. Ce vendredi 10 juillet est, en effet, le jour «J» fixé par le gouvernement pour de nouvelles annonces sur la suite à donner (ou pas) à l’état d’urgence et au processus de déconfinement progressif. Depuis le 25 juin, jour béni de la fin d’astreinte à domicile, tous les Marocains spéculent fébrilement sur le 10 juillet. Nous y sommes. Les contraintes du bouclage technique et de présence aux kiosques chaque vendredi matin nous empêchent de savoir quel discours servira le Chef du gouvernement aujourd’hui au peuple. S’il y consent en personne ! Car il pourrait fort bien décider de le faire par procuration, se contentant de charger un des Ministres de son cabinet pour sacrifier à cet exercice devenu passablement stressant pour les téléspectateurs depuis la proclamation de l’état d’urgence, le 20 mars dernier, et les épisodes successifs de confinement qui s’en sont suivis.

Les plus optimistes croient à une fin de l’état d’urgence et à une normalisation de la vie dans tous ses ressorts : social, économique, familial, psychologique, professionnel… Les plus  pessimistes (ils sont bien plus nombreux) sont au contraire convaincus que le Maroc est en train de payer, en ce moment, la facture du relâchement. Par centaines désormais chaque jour, les cas de «Covid-19» dopent le compteur épidémiologique des régions.

Saâd-Eddine El Othmani a promis de relâcher les gens dans la rue comme on dégoupille une soupape sous pression. Il a demandé aux travailleurs de faire repartir la machine de l’économie pour juguler les pertes colossales de certains secteurs passés sous perfusion. Mais on n’a jamais la chose et son contraire ! Un prix doit toujours être payé au regard du choix qui est fait. Et cette «note» devient douloureuse. Choquante aux entournures, pour être franc.

L’exemple de toute une ville, Safi, reconfinée depuis le 4 juillet ne peut laisser indifférent sur le rapport de cause à effet ! N’en déplaise au Ministre de l’Intérieur, il faut avoir peur des effets directs du relâchement et se garder des hypothèses de cohabitation avec le virus. Abdelouafi Laftit a été catégorique récemment sous la coupole du Parlement : «il ne faut pas sous-estimer l’apparition de foyers épidémiologiques, mais sans que cela ne constitue une source de panique. Il s’agit de cohabiter avec le virus selon les exigences de l’heure».  Soit.

Casablanca peut-elle, elle aussi, être reconfinée si les statistiques covidiennes explosent demain, la semaine prochaine, le mois prochain ? Il ne faut malheureusement pas écarter ce sombre scénario au moment où le ministère des Habous et des Affaires islamiques annonce la réouverture des mosquées à travers tout le pays, à partir du 15 juillet prochain. Une bonne nouvelle, assurément, pour des millions de fidèles, privés de prière collective depuis le 26 mars dernier. Privés aussi de ce rituel très fort chaque vendredi que Dieu fait. Mais qui peut croire un seul instant que les gestes-barrières et la distanciation physique seront observés dans l’enceinte sacrée des mosquées, la ferveur religieuse étant à son comble dans le moindre mètre carré ?

Enter les optimistes et les pessimistes, un troisième clan existe, celui des gens qui ont des convictions bourrues. Et qui parient que la «Houkouma» reconfinera le pays tout entier sitôt passées les fumées, les bonnes odeurs et les indigestions de l’Aïd Al Adha. Allez savoir !

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