Web
Analytics
EDITO

Les chiffres sont têtus !

PAR HASSAN EL ARCH

Les chiffres sont têtus. Ils peuvent être abstraits ou barbants. Mais ils sont têtus. Ils parlent le langage de la logique et ne disent jamais autre chose que ce qu’ils portent : la vérité mathématique. Ceux que nous avons sous les yeux depuis plusieurs jours nous rappellent à cette évidence : le compteur de la «Covid-19» au Maroc s’emballe ! Qu’on le veuille ou non. On peut se voiler la face, chercher des faux-fuyants, se tortiller des méninges pour donner du sens à ce qui n’en a pas, ramener la parabole du verre moitié plein ou moitié-vide, bref émettre toutes les interprétations que l’on veut, eh bien les chiffres restent têtus.

En une semaine, le comptage quotidien des nouvelles contaminations est passé de valeurs de dizaines à des valeurs de centaines. Corollaire : ce vendredi 26 juin à 10h, pas moins de 11.465 cas étaient dûment enregistrés depuis le début de la pandémie en mars dernier. Les contraintes de bouclage technique nous empêchent de «repêcher» les chiffres – assurément à la hausse – de 18h. Mais nous sommes certains qu’ils seront encore et encore à la hausse.

Une petite semaine, disons-nous… Oui, car le vendredi 19 juin à 10h, le Royaume comptait 9.280 cas. Un écolier de 6 ans fera instantanément la soustraction et réalisera que 2.185 nouveaux cas sont venus booster le compteur. En d’autres termes, une explosion de +23,54% en une seule semaine par rapport aux trois mois écoulés depuis le début de la pandémie au Maroc.

Les clusters industriels, agricoles, sociaux et familiaux expliquent le pourquoi. Pas seulement à Lalla Mimouna, à Kénitra, à Tanger, à Marrakech ou à Casablanca, mais aussi à Laâyoune, à Dakhla, à Guelmim, à Oued Noun, à Béni Mellal et à Khénifra où, à l’instauration du confinement, la mention du mot coronavirus laissait encore évasif, voire indifférent. Aujourd’hui, ces localités auparavant préservées ont elles aussi leur lot covidien. En une dizaine de jours, Tanger a fait une percée spectaculaire au «hit-parade» des régions pointées par le ministère de la Santé. Elle a même dépassé, ce matin, Marrakech sur le podium, arrivant désormais juste derrière Casablanca. Les chiffres sont têtus !

On nous parle de taux de létalité encore relativement bas au Maroc, de paramètre supportable de la propagation de l’épidémie (le fameux «R0»), de résilience du dispositif de santé… En termes d’approche et d’efficacité du Royaume pour freiner la propagation du virus, la Banque Mondiale elle-même nous a gratifiés, il y a quelques jours, d’un satisfecit qui, pourtant, ne saurait nous consoler de cette soudaine déflagration de la «Covid-19» chez nous : «Aujourd’hui, plus de trois mois après le début de la crise, le Maroc a l’un des taux de mortalité les plus bas au monde, soit moins de 2,6%, alors que 90% des cas sont guéris», précisait l’institution de Bretton Woods, le 16 juin dernier, sur site officiel. C’était avant les fraises de Lalla Mimouna. Avant les avocats de Casablanca… Suivez mon regard. Et qu’on arrête de nous seriner que nous sommes sortis du tunnel.

Nous nous sommes enfin déconfinés, quel bonheur certes, mais nous comptons nos sujets atteints par centaines, chaque jour désormais. Un mal pour un bien ? Ou un bien pour un mal ? Un bon débat pour philosophes, mais les chiffres restent têtus !

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button