A l’école du confinement

PAR HASSAN EL ARCH
Les experts dans le monde entier l’affirment : la crise économique et ses effets sociaux tuent aussi sûrement que la crise sanitaire ! L’effet miroir de cette pandémie lance un défi sans précédent à nos certitudes. Celles-ci sont désormais à jeter. Un nouveau modèle sociétal et économique est en train de se mettre en place sous nos yeux grâce ou à cause du «Covid-19».
Nous réapprenons des choses sur nous-mêmes. Nous en désapprenons aussi d’autres, maintenant caduques. Jamais sans doute dans l’Histoire contemporaine, un phénomène majeur (guerre, catastrophe naturelle, pandémie…) n’a agi avec autant d’impact sur l’humanité.
Cela vaut pour le Maroc comme pour tous les autres pays frappés par le coronavirus. Nous nous rendons compte, depuis un mois seulement, combien nous sommes vulnérables, notre mode de vie fragile et nos convictions empruntées. Nous réalisons surtout à quel point le fil de la vie est ténu ! Un virus invisible, d’échelle submoléculaire, est en train de menacer la technologie, la puissance économique et tout le fondement de la civilisation sur la planète. En décimant, chaque jour, les gens par milliers.
Le monde s’est fermé ! Notre horizon ne s’étend plus au-delà de quelques semaines, au mieux de quelques mois… Mais le confinement est une extraordinaire école du réalisme. En travaillant sur nous-mêmes, nous nous forçons à faire les choses sinon mieux, du mieux autrement. Et la première de ces choses est le respect et la protection de l’Autre. Cet Autre est l’épouse, le mari, la progéniture, les parents, les membres de la famille, le collègue, le voisin de palier, l’inconnu au coin de la rue, le policier qui veille sur nous, le livreur qui nous approvisionne, l’éboueur qui nettoie notre trottoir, le concierge qui garde notre immeuble…
Comment y réussir si l’on ne se met pas en tête l’idée d’un probable allongement de la période de confinement… ? Tous les indices convergent vers cette éventualité. Nous nous connaissons suffisamment bien, trop bien même, pour concéder l’évidence… Le Ramadan, bientôt là, sera lourd, très lourd de conséquences si les Marocains renouent avec les joies festives du Ftour en famille et entre amis, les prières «Tarawih» dans les mosquées et les veillées sur les terrasses de cafés. Il faut être bien naïf ou totalement inconscient pour ne pas l’admettre !