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FIFM 2025

Le réalisateur égyptien Morad Mostafa s’exprime sur son film «Aisha Can’t Fly Away»

Présenté mercredi dernier, dans le cadre de la Compétition officielle, au Festival International du Film de Marrakech, «Aisha Can’t Fly Away» marque les débuts de l’Égyptien Morad Mostafa dans le long métrage. Coproduit par l’Égypte, la France, l’Allemagne, la Tunisie, l’Arabie saoudite, le Qatar et le Soudan, le film plonge au cœur du quotidien d’Aisha, une jeune migrante soudanaise en quête de dignité et de survie dans un Caire tendu par les rapports de force. Réalisateur remarqué de la nouvelle génération, Mostafa a déjà signé trois courts métrages sélectionnés trois années de suite à Clermont-Ferrand, cumulant plus de 300 sélections internationales. Son dernier film, «I Promise You Paradise», a été présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 2023. Passé par Berlinale Talents, la Locarno Academy, les Ateliers de l’Atlas à Marrakech puis la Cinéfondation de Cannes, il développe «Aisha Can’t Fly Away», qui a été présenté en 2025 à «Un Certain Regard», comme l’aboutissement naturel d’un parcours centré sur les marges et les invisibles. Dans cet entretien, il revient sur la genèse du film, les défis de sa mise en scène et la réaction du public marocain.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter ce projet en long-métrage ?

J’ai commencé à faire des films en 2020. Mon premier court métrage parlait d’une femme soudanaise vivant en Égypte. Ensuite, j’ai réalisé deux autres courts centrés sur des personnages égyptiens ordinaires, puis un quatrième consacré de nouveau à un migrant soudanais vivant au Caire. Lorsque l’idée de réaliser un long métrage s’est imposée, j’ai naturellement eu envie de prolonger cette trajectoire. C’était comme compléter une trilogie consacrée aux migrants africains qui vivent au sein de la société égyptienne. Je me suis longtemps demandé pourquoi, malgré plus de 120 ans de cinéma, nous avons si peu raconté d’histoires centrées sur des personnages non égyptiens. Nous nous focalisons toujours sur le personnage égyptien, ce qui est compréhensible, mais cela ne reflète plus entièrement la réalité. L’Égypte est aujourd’hui faite de populations natives et d’une large communauté de migrants, et les tensions, les rapports de force, les enjeux de domination qui en découlent existent partout dans le monde. J’avais évoqué certains de ces thèmes dans mes courts métrages, mais j’avais envie de les explorer pleinement cette fois, dans un film d’environ deux heures.

Y a-t-il une scène qui a été particulièrement difficile à tourner ?

Oui, sans aucun doute la grande scène de confrontation qui clôt le film : une véritable bataille de rue entre migrants africains et Égyptiens. Elle a été très complexe à mettre en place : elle demandait un grand nombre de figurants, une coordination millimétrée et un budget important. Les effets de tirs, la gestion des foules, la logistique générale… Tout cela en faisait l’une des séquences les plus ambitieuses du projet. C’est sans doute la scène la plus difficile que nous ayons tournée.

Le film a été projeté le 3 décembre. Comment le public marocain l’a-t-il accueilli ?

J’ai senti qu’il y avait une véritable interaction, une connexion authentique. Les spectateurs ont vécu l’histoire avec Aisha, ils sont entrés dans son parcours et cela m’a profondément touché. C’est d’autant plus important que la sortie du film en salles marocaines devrait avoir lieu après Marrakech. Voir le public marocain réagir de cette façon m’a réellement encouragé et ému.

Entretien réalisé par LAIDIA FAHIM

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