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PATRIMOINE

Une traversée mystique à Fès, entre mer et mémoire avec l’Ensemble Al Areej d’Oman

Grâce à la création «La Voix des Ancêtres», présentée par l’Ensemble Al Areej, venu du Sultanat d’Oman. Le public de Jnan Sbil à Fès, a été transporté hier au cœur d’un héritage musical pluriel et profondément spirituel, dans le cadre du Festival des Musiques Sacrées du Monde. Cette performance, dédiée aux chants soufis omanais, a offert une plongée envoûtante dans les traditions mystiques d’un territoire à la croisée des mondes arabe, africain et indien.

La scène s’est ouverte par une ambiance envoûtante, tissée de percussions ondoyantes et de voix habitées. Loin d’un simple concert, cette proposition artistique relevait d’un véritable rituel, une invocation sonore nourrie par des siècles d’histoire et de syncrétisme culturel. Portée par des musiciens et chanteurs d’une rare intensité, la performance a donné à entendre les Mawlids, célébrations chantées de la naissance du Prophète, mêlant ferveur religieuse et poésie.

À travers cette création, l’Ensemble Al Areej rend hommage à une tradition musicale ancestrale, marquée par les influences croisées de la Perse, de l’Océan Indien et de la culture swahilie. Ce lien avec la mer, omniprésent dans l’imaginaire omanais, transparaît dans les rythmes, les danses et les souffles qui ont ponctué la représentation. Les gestes rappelaient les cérémonies des pêcheurs de perles, tandis que les voix semblaient s’élever comme des vagues, en résonance avec l’aphorisme de Rûmi, cité en exergue : «L’art du chant est l’écume de la mer».

Avec «La Voix des Ancêtres», l’Ensemble Al Areej ne s’est pas contenté de revisiter une mémoire musicale. Il l’a incarnée, faisant dialoguer le passé avec le présent, la foi avec l’esthétique, le silence avec le souffle sacré. Une expérience rare et précieuse, à la fois sensorielle et méditative, qui rappelle la puissance du chant comme lien entre les peuples et les époques.

Le Superviseur artistique et chanteur de l’Ensemble Areej, Omar Al-Breiki, (photo), a accordé à notre support la déclaration suivante : «Notre groupe représente une continuité de la voix d’Al-Assaf. Je suis fier de diriger et de chanter au sein d’Areej, qui s’inscrit dans la tradition musicale de nos ancêtres omanais. Areej incarne un héritage culturel et spirituel ancien, celui de l’art du Maled, qui correspond dans la culture islamique à la célébration du Mawlid, la naissance du Prophète Sidna Mohammed, paix et bénédictions sur lui, sa Famille et ses Compagnons. Tous les membres de notre groupe proviennent de familles ayant transmis cet art de génération en génération. Il ne s’agit pas seulement d’un chant, mais d’un acte spirituel et symbolique. Vous avez sûrement remarqué les mouvements effectués vers la droite et la gauche : ils représentent les gestes des agriculteurs omanais qui frappent la terre pour en extraire les bénédictions. Ces gestes sont aussi une métaphore du lien spirituel entre l’homme et la terre, entre l’âme et le divin. De même, les pêcheurs jettent leurs filets dans la mer pour en extraire les trésors. Une autre belle image de cette quête de richesse intérieure. Cet art, que nous appelons «la présence du Bien-Aimé», est profondément ancré dans notre identité. Depuis 2012, nous œuvrons à la revitalisation et à la modernisation de ces traditions, tout en restant fidèles aux mélodies, aux textes et à l’essence de notre patrimoine omanais. Aujourd’hui, à travers cette performance, vous avez entendu des chants authentiques, hérités des anciens maîtres. Nous sommes profondément honorés de participer à cet événement ici, à Jnan Sbil. Un grand merci à l’équipe organisatrice et à la direction du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde pour cette précieuse opportunité. Nous espérons que vous avez apprécié notre performance, et que le chant islamique a su toucher vos cœurs».

LAIDIA FAHIM

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