«Sauvages !», de Claude Barras, un cri du cœur à Meknès pour la planète

Le Théâtre Mohammed El Mennouni à Meknès a accueilli, hier lundi matin, la projection du film «Sauvages !» du réalisateur suisse Claude Barras, dans le cadre du FICAM 2025. Une œuvre d’animation poignante et profondément engagée, qui a ému le public par sa sensibilité, sa beauté artisanale et son puissant message écologique.
À l’issue de la projection, un point de presse a réuni Claude Barras et les médias pour un échange riche autour de la genèse du film, de sa démarche artistique et des thématiques qu’il aborde avec justesse et humanité.
Révélé au grand public avec le succès mondial de «Ma vie de Courgette», Claude Barras signe avec «Sauvages !» un retour marquant à l’écran. Réalisé en «stop motion», le film a déjà séduit la critique. Il a été sélectionné au Festival de Cannes 2024, au Festival International du Film d’Animation d’Annecy, aux Prix Lumières de la Presse Étrangère 2025 et en lice pour les Césars 2025.
L’histoire du film suit Kéria, une jeune fille autochtone brutalement arrachée à sa forêt amazonienne pour être placée dans un orphelinat. Refusant de se résigner, elle s’enfuit avec d’autres enfants pour entreprendre un voyage de retour vers sa terre natale, entre rêve et résistance, face à la menace de la déforestation.
Avec une animation artisanale d’une grande délicatesse et une narration à hauteur d’enfant, «Sauvages !» s’impose comme un plaidoyer vibrant en faveur de la biodiversité et des droits des peuples autochtones. Une œuvre à la fois poétique, politique et essentielle, qui interpelle autant qu’elle émerveille.
Né en 1973, Claude Barras poursuit ainsi son engagement pour un cinéma humaniste, ancré dans les réalités sociales et environnementales de notre temps. Après avoir conquis le monde avec «Ma vie de Courgette», César du meilleur film d’animation et nomination aux Oscars, il confirme avec «Sauvages !» sa place singulière dans le paysage du cinéma d’animation contemporain.
Dans le film, Claude Barras a choisi à nouveau le «stop motion», une technique très exigeante. Nous lui avons demandé ce qu’elle lui permet d’exprimer et que l’animation numérique ne permettrait pas… Voici sa réponse : «Dans «Sauvages !», j’ai de nouveau choisi le «stop motion», une technique effectivement très exigeante, mais qui offre quelque chose d’unique. Contrairement à l’animation numérique, le stop-motion conserve une forme de matérialité, de texture, presque artisanale. Cette présence physique des marionnettes crée un contraste intéressant avec la réalité souvent dure et réaliste des sujets abordés. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est cette poésie un peu naïve que permet le «stop motion». Même quand le sujet est grave ou engagé, cette technique donne une distance, une forme de douceur qui permet d’aborder les choses autrement. Il y a une sorte de jeu entre le réalisme du son, notamment des voix, et l’évidente artificialité des marionnettes. On ne cherche pas à cacher que ce sont des poupées, Au contraire, on assume la technique. Et c’est dans cette tension entre réalisme sonore et esthétique stylisée que naît, je crois, une forme de magie. Enfin, le «stop motion» me permet de transformer des univers parfois complexes, voire violents, en des récits accessibles, presque des contes, sans pour autant les édulcorer. C’est une manière de faire entrer les jeunes spectateurs dans des mondes qu’ils n’auraient peut-être pas approchés autrement».
LAIDIA FAHIM