UNE AFFAIRE DE “TIRELIRE”

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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96 milliards de DH. Ça peut donner le tournis. En particulier à qui ne peut concevoir de telles altitudes en matière de capitaux. C’est ce que coûte le programme global d’investissement dans le rail au Maroc. Pour être plus précis : la requalification et l’amélioration de l’offre ferroviaire nationale. L’échéance du Mondial 2030 n’en est pas l’objet, mais juste le catalyseur. Un catalyseur parmi d’autres. Le Royaume se projette, en effet, au-delà de cet horizon et déroule dès à présent les stratégies sectorielles qui lui permettront d’aller loin dans le processus de développement au cours des prochaines décennies.
Un des ces challenges porte plusieurs noms à la fois : mobilité, connectivité, intégration régionale, communications… C’est là-dessus que le Maroc parie aujourd’hui en mobilisant une enveloppe aussi conséquente. N’allez pas croire, comme le susurrent des esprits nativement déphasés, que le pays est en train de casser sa «tirelire». 96 milliards de DH (ou 12 milliards de dollars) sont très difficilement mobilisables à volonté.
Ce niveau de macro-investissement est une affaire de politique, gérée au plus haut niveau de l’État. Au Maroc comme ailleurs. C’est pour résoudre ce genre d’équation que des institutions internationales spécialisées existent : Banque Mondiale (BM), Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA), Fonds Monétaire International (FMI), Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD), Banque Européenne d’Investissement (BEI), Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social (FADES), Banque Africaine de Développement (BAD), Banque Islamique de Développement (BID), sans parler des bailleurs de fonds privés à l’international et des protocoles de facilités mis en place par les entreprises et groupes privés pour faire du business avec les bons clients…
Comme la plupart des pays, le Maroc est client de ces institutions qui financent le développement à travers la planète. Son «profil» est toujours recommandable, sa signature force le respect, sa réputation est en béton. Il est normal que le Royaume dispose d’un crédit moral plus important encore que le crédit numéraire auquel il peut prétendre auprès des bailleurs de fonds.
Cela étant, la «tirelire», au niveau du gouvernement, est sollicitée sans arrêt et les investissements sectoriels s’opèrent en flux tendus : santé, protection sociale, éducation, infrastructures, emploi, projets régionaux, mise à niveau de l’administration, requalification urbaine… Les 96 milliards de DH requis par le plan ferroviaire national ne sont qu’une goutte dans l’océan des engagements qu’est censé honorer le Maroc sur les court, moyen et long termes. Sur ce point, le parallèle est clair entre les États et les individus : on finance continuellement le lendemain sur le jour présent. Ainsi va le développement !