Le business, soluble dans la politique ?

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Le business est rarement soluble dans la politique. L’inverse est également vrai. Pour ne pas l’avoir gardé en tête, des marques commerciales parmi les plus notoires en font les frais. Dans le monde, mais au Maroc aussi, le marché national étant connecté au reste de la planète et la globalisation économique étant ce qu’elle est.
L’exercice est toujours périlleux en cas de crise. Des enseignes restent sur le fil du rasoir, préservant leurs parts de marché en prenant leurs distances vis-à-vis des pièges de la politique. D’autres sous-estiment la réponse de la rue lorsque les crises éclatent. Ce qui se passe actuellement à Gaza en rappelle la réalité : les consommateurs dans les marchés arabes sont prompts à se détourner des entreprises liées à Israël ou simplement solidaires avec son armée.
Bien évidemment, la réaction est inégale selon l’importance des intérêts financiers. Là où certaines marques laissent couler, d’autres font attention à leur communication. On se souvient comment McDonald’s a joué serré, il y a quelques semaines, en achetant de l’espace publicitaire dans des médias nationaux. Le géant du fast-food, leader sur son marché au Maroc, a diffusé un long message expliquant que le franchisé est marocain à 100%, qu’il emploie des salariés marocains, que ses bénéfices sont réinvestis au Maroc et qu’il n’a pas de lien avec l’armée et le gouvernement israéliens. Pour le consommateur Lambda, McDo fournit des repas aux soldats de Tsahal et, par conséquent, le réseau de ces restaurants estampillés USA est purement et simplement à boycotter.
Là où McDonald’s a décidé de jouer la transparence, quitte à être taxé de démagogie par une partie de la clientèle, d’autres marques notoires accusent le coup et constatent l’effritement de leur chiffre d’affaires au Maroc. La fronde populaire semble avoir impacté les bilans, à en juger par les exemples d’entreprises telles que H&M et Starbucks, à qui on prête l’intention de départ avant la fin de ce mois de décembre. Pour Starbucks, l’hypothèse d’une rumeur est plausible. C’est une marque américaine tandis que la marque H&M est suédoise. Automatiquement, ou en tout cas inconsciemment, un voyant «Israël» s’allume dans l’esprit du consommateur dès qu’il s’agit de grands groupes financiers et de multinationales puissantes… Le bilan de la filiale du géant koweitien de la franchise, Al Shaya (qui détient les deux cartes sur le marché marocain), serait sérieusement impacté par le boycott déclenché dans les grandes villes du Royaume, depuis le début de la guerre et des atrocités perpétrées par Tsahal à Gaza. Moyennant quoi, les effets de la géopolitique mondiale plombent souvent les comptes des entreprises…
Les guerres ne font pas que des victimes directes. Elles en font aussi par ricochet colatéral. Toujours. Combien en compte Gaza, aujourd’hui ? Pas loin de 16.000 victimes selon différentes sources. Et pour avoir mis le doigt, durant une petite semaine, sur le bouton «pause» dans le massacre des innocents, enfants, femmes et vieillards, Netanyahu se verra décerner le prochain Prix Nobel de la Paix. Aucun doute là-dessus. Ainsi va l’Occident, ce «monde libre»…