SOFT POWER MAROCAIN

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Les spécialistes de la géopolitique, prospectivistes et autres experts en relations internationales l’appellent Soft Power. C’est évidemment un énième anglicisme qui «pollue» l’usage de la langue française, mais il est entré depuis plusieurs années dans les conventions et dans les discours. Deux mots qui qualifient la capacité de mener ses affaires avec autant de promptitude que de résultats. Les faucons de la politique comme les thésards qui usent encore leurs pantalons dans les amphis des grandes écoles vous diront qu’il s’agit du pouvoir d’influencer les décisions et les modes opératoires chez une personne, un collectif, une institution, voire un gouvernement. La définition est correcte. Elle suggère toutefois de vagues applications, la plus immédiate s’exprimant sur le champ de la politique. On parle, en effet, de Soft Power dans les rapports (de force) que des partenaires entretiennent dans le co-développement, comme dans les expressions de rivalités qui caractérisent en permanence, y compris en arrière-plan, ces mêmes rapports.
Comme beaucoup de pays, le Maroc a son Soft Power. Bien évidemment. Cela lui vaut des inimitiés, bien évidemment aussi. Suivez mon regard… Le mode opératoire qu’observe le Royaume dans la défense de ses intérêts est devenu un cas d’école depuis que se sont exprimées, à l’international, deux postures différentes sur la question du Sahara et sur le rôle qu’assume Rabat dans le maintien de la stabilité régionale. Les relations internationales du Maroc se sont diversifiées, intensifiées et amplifiées au niveau des acteurs aussi bien qu’à celui des orientations de la politique étrangère. Un usage éclairé de Soft Power a permis au pays d’occuper aujourd’hui un rôle majeur sur la scène géopolitique. Le Souverain, artisan de cet équilibre stratégique, en a impulsé la dynamique et en donne le ton chaque jour. «Le Soft Power à caractère diplomatique du Maroc devient un modèle pour le développement et la stabilité géopolitique en Afrique du Nord», a affirmé, mardi dernier à Settat, le célèbre expert italien en relations internationales, Matteo Jacques Dominici, dans un colloque sur la thématique de «L’initiative d’autonomie et la banqueroute de la thèse séparatiste et d’autodétermination».
Quatre axes distincts du Soft Power marocain s’expriment dans le mode opératoire précité : la chose économique (une politique libérale devenue l’instrument-clé de la diplomatie du Royaume), le management sécuritaire et l’approche religieuse (un Islam modéré et moderne) et la gestion migratoire (sans doute la plus médiatisée en ce moment, compte tenu de l’actualité). Dans tous les cas de figure, la posture du Maroc reste égale à elle-même, dans une ligne de logique non fongible : souveraineté, ouverture et co-développement. C’est ce Soft Power à succès qui donne des cauchemars à nos détracteurs. Suivez toujours mon regard…