BONNE DIGESTION !

PAR HASSAN EL ARCH
Les chiffres sont souvent barbants lorsqu’ils arrivent en masse, charriant des tonnes de statistiques, indicateurs et autres agrégats financiers. Parfois, ils frisent l’abstrait et l’overdose n’est pas loin. Mais ils sont nécessaires pour bien comprendre le fonctionnement du monde dans lequel nous vivons. Ils donnent du sens à la dynamique des choses. Leur (bonne ou mauvaise) interprétation aiguise le regard que l’on jette sur la vie. C’est aussi simple que ça.
Les producteurs de chiffres – institutionnels évidemment – sont légion au Maroc. Difficile même de les compter tous. On en connaît toutefois les plus notoires : Primature, Bank Al-Maghrib, ministère des Finances, ministère du Tourisme, ministère du Travail, ministère de l’Intérieur, ministère de la Santé, Direction Générale des Impôts, Trésorerie Générale du Royaume, Office des Changes, Haut Commissariat au Plan, Bourse des Valeurs de Casablanca, Groupement Professionnel des Banques du Maroc, Confédération Générale des Entreprises du Maroc, Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance, Chambres de Commerces, d’Industries et de Services…
On peut reprocher à ces Administrations ce qu’on veut, sauf de ne pas faire leur travail de production statistique. Les médias en savent quelque chose. Noyée sous un torrent quotidien de comptes-rendus, bilans, rapports et autres notes de synthèses, la presse frise souvent l’indigestion, mais ça fait partie de l’exercice. La règle du jeu étant d’assurer une «manutention» aussi fidèle que possible. Éclairer l’opinion publique en lui servant de l’information crédible parce que recueillie à la source, sans interférences.
Tout cela tient de l’évidence, bien sûr. Mais on en mesure toute l’importance par moments seulement ! Comme mercredi dernier, lorsque la Direction des Études et des Prévisions Financières, qui relève du ministère de l’Économie, s’est fendue d’une intéressante synthèse sur la conjoncture du Royaume. Pandémie oblige. L’exercice 2020 étant «consolidé» à tous les plans, il fallait bien qu’une source autorisée livre, début 2021, le panorama des fondamentaux touchés, d’une manière ou d’une autre, par les effets du «Covid-19». Le Département des Finances est donc dans son rôle régalien, si l’on peut dire. Nous en donnons un éclairage succinct, dans ce numéro (page 6), pour ceux que ne rebute pas la consommation immodérée de chiffres.
On apprend, par exemple, que les indicateurs sont favorables pour un bon déroulement de la campagne agricole 2020-2021. Le cumul pluviométrique sur le Royaume est de +23,6% et la situation du couvert végétal supérieure de 12,2% à la moyenne des cinq dernières années ! Le taux de remplissage des barrages à usage agricole est à 49,4% contre 46,4% un an auparavant.
On apprend aussi que l’économie poursuit un petit chouia son redressement, portée par les secteurs des mines avec +5,7%, du BTP et ciment avec +3,9% et de l’industrie avec 71,5% de taux d’utilisation des capacités de production.
On apprend encore que l’activité des télécommunications (mobile et internet) a été très bonne avec respectivement +5,9% et +17,4%. Merci, le confinement !
Mais l’on apprend aussi un impact prolongé de la crise sanitaire sur le secteur du tourisme avec -81% d’arrivées, sur le transport de passagers aériens avec -73,2% et sur l’activité portuaire avec -2,3%.
On apprend également que l’investissement peine à se redresser et que le déficit budgétaire est actuellement dans un trou noir de 6,7 milliards de DH, après un excédent de 5,6 milliards de DH l’année dernière.
Bonne digestion !