Et pourtant, elle tourne !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma
Assurément, ce sont la Banque Centrale et son illustre patron qui auront capté les feux de l’actualité, cette semaine. Entre la tenue mardi du premier Conseil de Bank Al-Maghrib de l’année puis l’annonce, dans la foulée, du relèvement du taux directeur à 3%, l’accueil mercredi de la Reine Maxima des Pays-Bas en sa qualité de Mandataire Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU pour la Promotion de services financiers et l’éclairage sur la réalité des Fintechs qui peinent encore à décoller au Maroc, Abdellatif Jouahri a eu, à n’en point douter, une grosse semaine. Nous en soulignons les moments forts dans le dossier que nous consacrons au sujet (pages 14 à 19) dans ce numéro et en vertu duquel notre couverture est dédiée, à juste titre, au Wali de Bank Al-Maghrib.
Ceux qui connaissent Abdellatif Jouahri savent que l’homme dit ce qu’il pense et pense ce qu’il dit. C’est l’une de ses nombreuses qualités. On comprend donc la portée des propos de celui que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International considèrent comme l’un des Gouverneurs de Banque Centrale les plus compétents et les plus respectés dans le monde. «L’objectif est de faire converger les efforts des parties prenantes, chacune dans son domaine, pour faire naître un écosystème de Fintechs qui puisse rattraper le retard du Maroc, et par la même occasion faire un benchmark qui va être utile, de façon à bien déterminer les incitations pour que ce système réussisse le plus rapidement possible», a confié le haut responsable à son illustre invitée onusienne, lors de leur réunion de travail, mercredi, au siège de Bank Al-Maghrib.
Mais ce sont encore les éclairages sur l’état des fondamentaux en 2023, auxquels s’est livrée l’institution dirigée par Abdellatif Jouahri, qui ont le plus marqué les esprits. Pas tant en termes de «surprises», tout le monde étant au fait de la sensibilité de la conjoncture, mais en termes de clarté et de précision des analyses. Voilà pourquoi c’est souvent le premier Conseil de la Banque Centrale qui, chaque année, est le plus scruté par les médias et le public averti. Il donne, pour ainsi dire, le «la» en passant à la loupe l’évolution des agrégats entre deux exercices.
Dans quel état sont donc réellement ces agrégats en ce début de 2023 ? Il y a du bon et du moins bon. Du rassurant et de l’inquiétant. Mais on admettra, qu’on le veuille ou non, une certaine résilience (une résilience certaine, en fait) de l’économie. En dépit de tous les avatars systémiques, le pays maintient le cap et limite la casse dans une conjoncture internationale où plus rien n’est sûr, ni acquis, ni encore moins prévisible. Covid, guerre en Ukraine, tensions régionales, sécheresse, inflation, envolée des prix, crise énergétique… Rien n’aura été épargné au Maroc, l’année écoulée, et pourtant l’investissement ne fléchit pas. L’économie crée des postes au moment même où des emplois sont détruits. L’air du temps n’est pas à la béatitude, certes, mais la déprime s’éloigne. Le moral n’est plus dans les chaussettes comme au début de la pandémie…
«Pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, le Conseil a décidé de relever le taux directeur tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international», nous dit Bank Al-Maghrib. C’est plein de sens. Ça a de la profondeur. Il faut s’en convaincre.