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EDITO

Grand Maroc, beau Maroc !

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

J’ai rêvé, un instant, comme tous les Marocains, Arabes et Africains. Le réveil a été brutal. On ne jouera pas en finale de la Coupe du Monde au Qatar. Mais après la «gueule de bois» et la colère, place à l’apaisement et, surtout, la fierté qui a grandi en nous, à mesure que les Lions de l’Atlas avançaient dans ce Mondial mémorable. Même l’arbitrage scandaleux du referee mexicain, Cesar Ramos, n’y change rien : nous sommes fiers de notre team et de son coach Walid Regragui. Le Maroc a été dépossédé d’une occasion de rester dans le match contre la France, mais les Lions sont toujours en lice et peuvent encore rugir face à la Croatie ce week-end. Une 3ème place sur le podium mondial, ce n’est pas rien ! Des années, des décennies même durant, ce sera un cas d’école pour les générations futures, en termes d’exemplarité, de sacrifice et d’amour pour le drapeau.

La Fédération Royale Marocaine de Football a certes déposé une plainte auprès de la FIFA pour dénoncer l’arbitrage, mais soyons réalistes. La démarche n’a pratiquement aucune chance d’aboutir. Deux raisons. La première est officielle car aucun match n’a jamais été rejoué, dans l’histoire de la Coupe du Monde, pour défaut d’arbitrage. La seconde est officieuse et c’est un secret de polichinelle : les puissances du football, en Europe et en Amérique latine, n’aiment historiquement pas l’intrusion de «petits pays» dans leur club très fermé. Alors, l’aubaine est grande si le VAR et l’arbitre central se rejettent mutuellement la faute pour les deux pénaltys refusés au Maroc lors de sa rencontre, dans la soirée du 14 décembre, avec la France. La colère de 36 millions de Marocains et de centaines de millions d’Africains et d’Arabes n’y fera rien. Les puissants de la FIFA aiment rester entre eux. Gianni Infantino, patron de l’instance internationale de foot, a beau gloser dans ses discours humanistes sur l’équité, la morale et l’égalité de traitement envers les pays membres de la FIFA, plus personnes, du Golfe à l’Atlantique et de la Méditerranée au Cap de Bonne Espérance, n’est dupe de ce qui se trame dans les salons feutrés de ce «club premium». En particulier lorsqu’un pays africain ou asiatique (oublions l’étiquette du culte) ose prétendre jouer les premiers rôles. Au propre comme au figuré.

À la fin du match de demi-finale, perdu par le Maroc, un voisin au café où je regardais la rencontre a eu ce mot : «Dieu était Français, ce soir». Difficile de demander aux plus exaltés des supporters d’arrêter de mêler la foi, la religion et le mysticisme au sport ! Celui-ci est une activité socio-économique où les succès et les échecs sont liés à la performance et à l’investissement. Gagner une coupe ou un championnat est le résultat direct, exclusif en fait, de l’effort consenti et des conditions remplies pour y arriver. Mais c’est évidemment un «non-débat» car le terrain est très glissant…

Quoi qu’il en soit, il y a désormais un avant et un après-Mondial. Pour le Maroc, la rupture n’est pas conjoncturelle. Elle est réellement systémique. Y compris dans les esprits. Ces Français (et Européens) arrogants, condescendants, racistes, colonialistes et suprémacistes, encroûtés dans leur culture d’un autre âge, doivent désormais compter avec les Marocains, les Arabes et les Africains. Organisations et gestion des grands rendez-vous planétaires, capacités logistiques, maîtrise de l’événementiel, sécurité, hospitalité, générosité… Le grand Qatar a donné une leçon de modestie à la planète entière. C’est très bien ! D’autant que les caisses de résonance médiatiques nous renvoient, aujourd’hui plus que jamais, la véritable image de cette France-là et cette Europe-là. Une consultante française, sur une chaîne de TV, a eu en début de semaine cette sortie irréelle. La joie des supporters marocains à Paris, au cours des dernières semaines, lui est apparemment restée dans la gorge. «Un esprit de revanche anti-colonialiste», a-t-elle lancé sur le plateau. En décodé, la dame nous dit, les yeux fixés sur la caméra, que «la France a colonisé le Maroc, qu’elle a tué des milliers de Marocains, qu’elle a pillé les ressources du Royaume, qu’elle a exilé son Sultan, puis qu’elle a rapatrié ses soldats à regret lors de l’indépendance. Tout cela est normal. On est venu, on vous a colonisés, on a craché sur votre identité, merci, au revoir. Et si vous osez garder de la rancœur envers nous, vous êtes de la racaille !». La voilà la France macronienne en 2022 !

Nous avons vécu sur un nuage pendant trois semaines. Merci pour cette merveilleuse émotion que vous nous avez offerte, valeureux Lions de l’Atlas !

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