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EDITO

Il y a faillite et «faillite» !

PAR HASSAN EL ARCH

Si l’on devait faire la compilation des fake news sur le «Covid-19» au Maroc, il faudrait des volumes, des volumes et des volumes. On le soulignait bien fort sur ces mêmes colonnes, le mois dernier, et on le ressasse de nouveau : les Marocains figurent en bonne place parmi les champions du monde – toutes catégories confondues – des fausses nouvelles. Une grande part des internautes ne conçoivent leur rapport avec la Toile qu’à travers le mensonge. Le mot est bien à propos car il englobe un spectre de tonalités, de degrés et de genres dans ce qui n’est pas strictement la vérité. Les fake news sont à la fois le carburant du web, la drogue des addicts au faux, l’arme de mystification massive et la plaie 2.0 des rapports humains.

L’antidote à cette pandémie de désinformation reste évidemment l’information inaltérée, mais tant qu’on peut la puiser aux sources saines. Le problème est que l’être humain se plaît souvent à «raconter» plutôt que «dire». Aime terroriser plutôt que rassurer. Jubile à rendre malade plutôt qu’aider…

Le problème aussi est que les fake news sont extrêmement dangereuses lorsqu’elles sont produites par des sources censées être l’exemple de l’honnêteté et la référence de la crédibilité. Des médias, en l’occurrence. Pour vendre un peu plus de papier au kiosque ou doper un brin les «vues» sur le compteur, on prend des libertés avec la déontologie du métier. Et on se dit qu’étant donné la conjoncture, une couche de faux au-dessus du vrai pimentera le plat servi à l’opinion publique.

Tenez, par exemple, cette toute récente (mais pas dernière) fake news qui a contraint le gouvernement à publier un démenti, cette semaine. Énième du genre depuis le début de la pandémie. Le Fonds spécial de gestion «Covid-19» est en faillite ! Le média qui a concocté l’information et ceux qui ont bavé en la relayant sont «formels» ! Un trou de 1,8 milliard de DH et, désormais, les yeux pour pleurer. Une info immédiatement virale. Elle interpelle, fait peur, instille le doute, assombrit les perspectives, mutualise les appréhensions, nourrit les «fantasmes» d’un Maroc à genoux. Parce que c’est comme ça que fonctionne le subconscient des antipatriotes.

Le ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration a répondu dans un communiqué que la trésorerie nette disponible du Compte d’Affectation Spécial en question est positive et qu’elle avoisine actuellement les 3,5 milliards de DH. «Ce compte dispose des fonds nécessaires pour acquérir les vaccins et honorer tous les engagements financiers de l’État qui relèvent de son champ d’intervention», souligne le ministère.

Que ces médias cultivent ainsi le sensationnel, est un fonds de commerce vieux comme le monde. Qu’ils interprètent les chiffres officiels à travers une grille irrémédiablement erronée, est tout aussi convenu ! Le fait est là : on dégaine d’abord, on tire ensuite puis on se pose, à la fin, la question de savoir ce qui a bien bougé…

Les fake news sont à la fois le carburant du web, la drogue des addicts au faux, l’arme de mystification massive et la plaie 2.0 des rapports humains.

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