Essence ou diesel ? À la vôtre !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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«Faire le plein de carburant dans sa voiture sera bientôt un luxe si la hausse des prix continue à la pompe». Propos tenus non pas par un client automobiliste, mais par un… pompiste dans une station-service, à Casablanca. Le contexte est un peu «anecdotique», mais la réalité est là : tout le monde, au Maroc comme ailleurs, est concerné par la flambée des prix de carburants depuis que Poutine a décidé de marcher sur l’Ukraine. Tout le monde, oui, n’en déplaise aux tenants de la rhétorique populiste. En l’occurrence, les esprits chagrins qui prétendent que seules les couches sociales moyennes et vulnérables ont mal à leur porte-monnaie.
Ceux qui roulent dans des mécaniques à 1 million de DH «trinquent», eux aussi. Avec moins d’effet, certes, sur la poche, mais la «douloureuse» est tout de même conséquente avec les niveaux de prix d’essence et de gasoil auxquels nous assistons ces jours-ci. Des records sont battus à la pompe avec, cette semaine, la barre au-dessus de 14 DH pour l’essence et presque 12 DH pour le diesel. Et rien n’indique que la surchauffe s’inscrira, demain, dans une vertueuse tendance à la baisse. Même si le gouvernement a fini, après deux semaines de malaise, par annoncer un timide soutien aux professionnels du transport. Selon des spécialistes de la Bourse, il est fort probable que les niveaux de prix restent encore sur cette envolée, au cours des semaines à venir, si la guerre en Ukraine s’enlise…
La hausse a déjà un impact, à l’échelle nationale, sur les activités et services liés au transport de marchandises et de personnes. La faute aux humeurs des cours de baril de pétrole sur les marchés internationaux, selon les distributeurs. Les consommateurs, eux, ont un discours plus terre-à-terre : les produits alimentaires coûtent plus cher. La vie, globalement, devient plus chère. Et le gouvernement est à la peine pour communiquer et expliquer, à défaut d’apaiser. Les plus amers vont jusqu’à lier l’évolution de la conjoncture actuelle à l’arrivée de l’Exécutif, il y a quelques mois… «Le minaret s’est effondré, alors il faut pendre le barbier», suggère un vieil adage bien de chez nous.
Au-delà des arguments à l’emporte-pièce (ils sont souvent dangereux), toujours est-il qu’il vaut mieux tard que jamais… Le gouvernement a effectivement décidé, mercredi dernier, d’allouer «un soutien aux professionnels du transport dans le but de préserver le pouvoir d’achat des citoyens, compte tenu de la conjoncture actuelle, marquée par une hausse des prix des carburants aux niveaux national et mondial». Ce sont deux poids lourds du Cabinet Akhannouch qui en ont fait l’annonce lors d’un point de presse conjoint : le Ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil, et le Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ.
Les analystes estiment que le soutien accordé aux professionnels du transport devrait en principe profiter indirectement aux consommateurs puisque la mécanique de régulation est censée produire son effet : stabiliser les prix. Est-ce vrai ? On le saura dans les tout prochains jours.