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Bienvenue dans
la realpolitik !

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

Opportunisme et cynisme, deux mots qui riment à merveille. Ils caractérisent bien ce que nous sommes en tain de regarder, depuis plus de deux semaines, en Ukraine et surtout «autour» de l’Ukraine. Alliances inédites, marchés rompus, rapprochements contre nature… Une partie de poker menteur à l’échelle de la planète est en train de se jouer entre le camp du «bien» et celui du «mal». Le premier guidé par l’Amérique et l’Europe. Le second porté par la Russie. L’Ukraine n’en est pas l’enjeu, mais juste l’alibi. Alliés en 1945 face au péril nazi, les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU se tirent, en 2022, à boulets rouge comme les ennemis qu’ils ont, en fin de compte, toujours été. Qui serait dupe du prétexte ukrainien ? Seuls les naïfs et les ignorants feraient une lecture au premier degré de la guerre qui fait des ravages à près de 5.000 km de chez nous.

Bienvenue dans la realpolitik ! Le terme définit cet opportunisme et ce cynisme dont il est question… Une politique internationale basée sur les seules considérations de rapports de force et de possibilités concrètes de gain politique. Évidemment sans influences idéologiques, culturelles, religieuses ou sociales. Les experts en stratégie défendent ici, sans états d’âme aucuns, la notion de politique étrangère fondée sur le calcul des forces et de l’intérêt national. Ni plus ni moins. Et c’est exactement ce à quoi nous assistons depuis que les troupes russes ont franchi la frontière, portant la guerre en Ukraine.

Bienvenue dans la realpolitik ! Oui, beaucoup d’historiens parlent d’un très probable marché de Judas… Mais allez savoir. Du temps de la «Perestroïka» et de la «Glasnost», qui ont fini par coûter son existence à l’ex-URSS, les Américains auraient promis aux Russes de ne pas continuer à étendre l’OTAN vers l’Europe de l’Est, alors fragilisée par l’agonie du Pacte de Varsovie. Vladimir Poutine estime que ce «deal» non écrit a été violé par les Occidentaux dès l’instant où ils se sont mis à encourager la migration politique, idéologique et culturelle des pays anciennement membres de l’URSS, restés toutefois sous influence russe depuis la chute du Mur de Berlin en 1989.

Bienvenue dans la realpolitik ! D’autant plus que la levée de boucliers planétaire (en tout cas onusienne) est totalement inédite dans les annales de l’Histoire moderne. Ses implications économiques, financières, industrielles et commerciales sont un cas d’école pour qui prépare une thèse sur les relations internationales. Washington voulait, hier, tailler des croupières au président vénézuelien Nicolas Maduro. Pour compenser les effets du boycott énergétique qu’elle a infligé à Moscou, l’Administration Biden évoque aujourd’hui sans ambages l’éventualité de faire commerce de pétrole avec la dictature de Caracas. Bienvenue dans la realpolitik !

À l’ONU, le Maroc s’est abstenu de prendre part au vote contre la Russie, l’autre semaine. Un communiqué de l’Exécutif en a clairement expliqué les raisons. Et là aussi, seuls les naïfs et les ignorants (auxquels il faut ajouter les esprits malintentionnés) y auront à redire… La realpolitik opère dans les deux sens ! Y compris et surtout quand il s’agit de défendre des causes nationales comme le dossier de notre Sahara. C’est la seule lecture que les patriotes peuvent faire de cette posture politique.

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