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EDITO

Ça coule de source !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
direction@letempsmag.ma


On comprend aisément, avec la sécheresse qui frappe aujourd’hui le Maroc, que des civilisations se soient déclaré la guerre dans l’antiquité pour un fleuve. Que des empires aient croisé le fer, au Moyen-âge, pour une source ou un lac. Et que des tribus aient été – et soient toujours – contraintes à l’exode face au sol craquelé…
Dieu merci, nous n’en sommes pas là. Et nous n’y serons probablement pas de sitôt. Pas de notre vivant, si l’on en croit les spécialistes de l’eau. Néanmoins, la gestion du stress hydrique révèle un peu partout dans le monde, et pas seulement chez nous, des réalités qu’il serait suicidaire d’ignorer : la précieuse ressource se tarit ! Très lentement. Mais inexorablement. La surpopulation, l’industrialisation et le dérèglement climatique ne sont pas seuls en cause. La gabegie dans l’utilisation et dans la consommation de l’eau expliquent une partie du déficit hydrique qui nous afflige aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, le comportement des uns et des autres face à la ressource de l’eau tient au mieux de l’irresponsabilité, au pire de l’inconscience. Il n’y a pas d’autres mots. Et, à n’en point douter, les deux conduiront nos enfants à la catastrophe, demain.
Le Maroc est à sec en 2022. On a vécu des cycles de sécheresse par le passé, mais rien de tel depuis deux décennies. C’est dire si le péril est réel. On a peut-être du mal à l’imaginer, dans notre petit confort de citadins passablement blasés, mais des concitoyens ont le plus grand mal, au fin fond de la campagne, à étancher leur soif, à irriguer leur champ et à abreuver leur bétail. Superposez ce «cliché» avec les scènes que nous voyons tous au quotidien. Des tuyaux lâchant des trombes d’eau sur des voitures savonnées comme il se doit. Des piscines débordant de flotte où barbottent quelquefois les mômes pour conjurer l’ennui. Des douches de plus en plus italiennes (c’est à la mode) et des baignoires à l’américaine où l’eau coule, une petite éternité, avant d’atteindre la bonne température ! Plus prosaïquement, des éviers où des cascades invraisemblables sont dilapidées, sans état d’âme, pour deux ou trois couverts… Le lien de cause à effet n’échappe à personne si l’on se met dans la bonne disposition d’esprit : nous asséchons nous-mêmes, aujourd’hui, l’environnement de la prochaine génération.
La moyenne nationale des pluies affiche, en ce moment, un manque de 64% en comparaison avec une saison normale. Les précipitations se font rares; au mieux sporadiques. Les barrages sont à un niveau de remplissage inquiétant. C’est la cote d’alerte ! Le Souverain a ordonné, il y a quelques jours, le déploiement de très grands moyens pour faire face à cette situation de stress hydrique. Un programme inédit est en cours de mise en place à travers le pays, moyennant une dotation de 10 milliards de DH. L’ampleur de l’effort financier est colossale et l’enjeu est stratégique car il s’agit, ni plus ni moins, de la sécurité et de la souveraineté hydriques du pays.
L’eau est l’autre combat du Maroc en 2022. Ainsi titrons-nous la couverture de ce numéro et le dossier que nous y consacrons à la question. C’est le début d’une série de contenus que nous programmons dans nos supports (digital et print) pour mieux coller à l’actualité hydrique du Royaume.

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