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EDITO

CRUEL DILEMME

Par HASSAN EL ARCH

Directeur de la Rédaction

direction@letempsmag.ma

Le dilemme est assez cruel. Rapatrier des centaines, peut-être des milliers de compatriotes bloqués à l’étranger, coupés de leurs familles et de leur pays, au risque de faire entrer une déferlante d’«Omicron» et détruire tout ce à quoi 36 millions de Marocains œuvrent à préserver depuis plusieurs mois. Ou «lâcher» (il n’y a pas d’autres mots…) ces victimes de la malchance et des aléas désormais quotidiens dans la gestion de la pandémie, afin de conjurer le péril. Le management de crise est tout sauf une science exacte. On comprend que le gouvernement ait choisi de trancher au milieu. Le rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger sera donc suspendu à partir du 23 décembre prochain. Dans l’intervalle, le retour au pays se fait par des vols spéciaux, souvent facturés à des prix plus qu’exorbitants. Il faut bien que la détresse des uns nourrisse l’avidité des autres… Une mentalité de charognard. En prime, le risque prégnant de voir l’«Omicron» débouler, de toute façon, dans tous les coins et recoins du pays puisque les rapatriements qui sont opérés actuellement, jusqu’au 22 décembre à minuit, n’exonèrent pas de la contagion ! Un cas, un seul, suffit pour lancer l’étincelle du cauchemar. Au demeurant, nous avons déjà un cas, depuis le 15 décembre courant, l’infection ayant été diagnostiquée chez une femme de nationalité marocaine, à Casablanca. Le ministère de la Santé nous dit que ce premier cas n’a pas été importé de l’étranger, mais serait le fruit d’une mutation «domestique». Beaucoup d’experts médicaux s’empressent de le confirmer. La propagation du nouveau variant se caractérise, à l’international, à la fois par une transmission transfrontalière et par une mutation endogène, ce qui explique sa progression exponentielle à travers la planète. Au final, le Maroc a enregistré son propre cas endogène, en attendant les… cas exogènes. Car ne nous leurrons pas ! Les vols qui rapatrient les concitoyens bloqués en Europe ou en Asie ne sont pas étanches au virus. En décidant de les programmer, même à brève échéance, le gouvernement sait bien la cruauté du dilemme et assume sa décision. Et, pour une fois depuis plusieurs semaines, c’est une décision juste. Le propre de l’«Omicron» est qu’il force à rebattre les cartes sans laisser la moindre perspective de visibilité sur le court terme. C’est bien cette caractéristique qui en fait le variant le plus imprévisible, le plus volatil et le plus effrayant. À telle enseigne qu’on évoque désormais le «Delta» comme une quasi-sinécure ! C’est une vue de l’esprit, bien évidemment, mais retenons tout de même ces quelques indicateurs que nous livre l’OMS pour bien intégrer la dangerosité du nouveau variant : l’«Omicron» contaminerait environ 200.000 personnes chaque jour au Royaume-Uni ! C’est l’un des pays d’Europe les plus impactés avec plus de 146.000 morts jusqu’à présent, depuis le début de la pandémie, à la fin de 2019. Le raz-de-marée viral a fait, valeur ce jour, plus de 5.320. 000 millions de morts dans le monde. Alors, faisons-nous à l’idée que, peut-être, le coronavirus n’en a pas fini avec nous et qu’on va assurément vers une «Saison III». Deux ans déjà consommés avec le «Covid-19». Passés par pertes et profits…

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