Cette criminelle dérive sur le web

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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Nous avons consacré, la semaine écoulée, ces mêmes colonnes au thème de l’immigration irrégulière à travers ce qu’elle a de factuel, en ce moment. En l’occurrence, le coup de force tenté, le 15 septembre dernier, par des centaines de migrants «harragas» à Fnideq. Nous revenons, dans cette édition mensuelle, sur ce que cet épisode sous-tend comme phénomène de société. Inutile de gloser, ici, sur de prétendues «bonnes» ou de supposées «mauvaises» raisons qui expliqueraient ce raz-de-marée inédit par son ampleur.
Les tentatives de ce genre se comptent, en effet, par centaines chaque année à la frontière entre le Maroc et le préside en question. C’est la taille de cette déferlante humaine qui interpelle, depuis le 15 septembre dernier. Surtout, c’est ce qui lui a servi de vecteur qui préoccupe autant le gouvernement, la société civile que l’opinion publique : les réseaux sociaux. Comme nous le rappelons dans notre dossier (pages 18 à 29), cette tentative a été préparée, orchestrée et menée sur les réseaux sociaux. Cela éclaire, s’il en était encore besoin, la dangereuse, la criminelle dérive des prescripteurs d’opinion sur le web. Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier leur posture totalement antinationale, profondément antipatriotique. Haranguer des centaines de jeunes pour les pousser au «hrig» collectif est un acte abject. Ces marchands de la détresse humaine se préoccupent, en effet, moins de la précarité des jeunes qu’ils endoctrinent, que de leur business sur la Toile et du buzz qu’ils en récoltent sur leurs comptes en banque grâce à YouTube, Tik Tok et autres plateformes bien connues.
Comme nous le rappelons encore dans notre dossier, tout le monde est devenu journaliste, médiateur, communicateur, acteur d’influence, directeur de conscience et j’en passe… Les événements de Fnideq ont été organisés notamment sur la base de fake news, manière fort méthodique d’ailleurs, puisque des dizaines de milliers de posts ont été injectés, chaque jour, sur les réseaux sociaux avec pour sujet l’appel pour une migration vers l’«Eldorado» européen.
Fake news ? Oui et oui encore. C’est un sport national. Un des leurres est que l’Espagne aurait adopté une nouvelle législation plus favorable aux mineurs, notamment non accompagnés. Un autre leurre est qu’après sa libération, le notoirement connu Marouane Erramach aurait organisé des allers simples vers le Sud de l’Espagne sur des «go-fast» gracieusement mis à la disposition des candidats à l’immigration clandestine. Et des centaines de jeunes (des moins jeunes aussi) ont mordu à l’hameçon. D’autant plus facilement que des contenus, notamment des vidéos, ont été diffusés en boucle, des jours durant.
Une tentative de «hrig» collectif ni spontanée ni impromptue. Ses promoteurs : les professionnels du mensonge sur les réseaux sociaux. Ses victimes : des jeunes désœuvrés, presque tous de cette génération «NEET», qui ont perdu tout espoir en un lendemain meilleur dans leur pays. Ce dernier point fondamental sera le sujet de notre prochain billet.