Je ne suis pas «Charlie»

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
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De nombreux pays avaient compati et témoigné leur sympathie à «Charlie Hebdo» lorsque ce journal satirique français avait été victime, le 15 janvier 2015, d’une attaque terroriste meurtrière, décimant sa Rédaction en faisant 12 morts dont 8 journalistes. Le slogan «Je suis Charlie» avait alors fait le tour de la planète. De nombreux pays aussi avaient ressenti comme une insulte absolue la provocation faite par «Charlie Hebdo» envers des centaines de millions de Musulmans, en publiant puis en re-publiant des caricatures représentant le Prophète Sidna Mohammed. Au nom d’une «liberté d’expression» à géométrie variable…

Je ne me sentais pas concerné, à l’époque, par la déferlante «Je suis Charlie», qui avait suggéré aux opinions publiques à travers le monde un mimétisme intellectuel prêt-à-l’emploi. Non, je ne m’identifiais tout simplement pas à la ligne éditoriale, ni d’ailleurs au référentiel moral de ce média qui estimait (et estime toujours) qu’au nom de la liberté de la presse, on a parfaitement le droit de cracher sur la sensibilité, la conscience et l’identité des Musulmans. Se faire massacrer pour avoir usé de cette «liberté» est tout aussi abject. C’est un fait. Corollaire : des extrémistes pro-«Charlie» d’un côté et des extrémistes anti-«Charlie» de l’autre. Au milieu, la frontière entre ce qui est permis et ce qui est condamnable fait du yoyo. Autorise toutes les dérives. Justifie toutes les abominations.
Je suis d’autant moins «Charlie» aujourd’hui que ce média vient de reconfirmer au monde entier la nature de son ADN : broyer du Musulman. Avez-vous vu le dessin publié cette semaine dans l’immonde torchon ? Il provoque un haut-le-cœur même dans les milieux occidentaux traditionnellement conciliants envers les anti-Islam. Le dessinateur y a esquissé des habitations ravagées par le séisme en Turquie, avec cette phrase : «Même pas besoin d’envoyer des chars». Tout est dit. En quelques mots. Le dessin, à lui seul, est un «Édito» pleinement assumé par la direction de «Charlie Hebdo», au moment où le compteur de la catastrophe avait déjà dépassé la barre des 20.000 morts en Turquie et dans la Syrie voisine.
«Je suis Charlie», souvenez-vous ! Huit ans après la tragédie parisienne, l’amnésie est totale chez les promoteurs, bailleurs et sponsors de ce support où prospère le… terrorisme médiatique. Regardez et «appréciez» le dessin…