UN TAUX-PLANCHER DE 10% ?LA BELLE AFFAIRE !

Par HASSAN EL ARCH
Directeur de la Rédaction
Faut-il s’en réjouir ou le déplorer ? Le Maroc hérite du taux-plancher de 10%, en matière de droits de douane, après la sortie de Donald Trump, le 2 avril courant. S’en réjouir parce que l’économie du Royaume est relativement «épargnée» dans la guerre commerciale que livre Washington au reste du monde ? Le déplorer parce que le business n’a pas de morale et que la politique seule gouverne les décisions ?
Il faut être naïf, comme beaucoup le sont en ce moment, pour penser que le Maroc était à l’abri des dégâts collatéraux provoqués par la doctrine de la Maison-Blanche, depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, il y a trois mois. Être le seul pays africain lié aux États-Unis par un Accord de libre-échange n’y suffit pas… Être le premier pays au monde à avoir reconnu officiellement l’indépendance des États-Unis en 1777 n’y suffit pas… Être signataire des Accords d’Abraham en 2020 normalisant les relations avec lsraël n’y suffit pas… Être le seul pays du continent à accueillir chaque année le déploiement de la stratégie militaire américaine «African Lion» n’y suffit pas… Ceux qui en doutaient peut-être encore sont bien obligés d’admettre que la politique ne s’embarrasse jamais de sentiments. Les intérêts du business priment l’amitié. La géostratégie se moque de la mémoire. Le monde est ainsi fait, aujourd’hui plus que jamais. Et s’il fallait une autre preuve pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder comment les États-Unis de Donald Trump traitent le Canada depuis quelques semaines… Le plus fort, le plus sûr et le plus important allié de la superpuissance américaine !
Donc, un «ticket» minimaliste pour le Maroc sur le vaste marché des States, avec ces 10% de taux-plancher. Parallèle intéressant à faire : la Jordanie, seul autre pays arabe lié par un Accord de libre-échange avec les États-Unis, est taxée à hauteur de 20% depuis le 2 avril courant, qualifié par Trump de «Jour de la libération» pour les États-Unis. On appréciera la rhétorique militaire…
L’offensive douanière de Washington a indubitablement plongé l’économie mondiale dans l’incertitude. Au Maroc, de nombreux experts estiment que si l’on a écopé d’un renchérissement minimal de 10%, on reste tout de même moins pénalisé que nos voisins au Maghreb et en Europe. Mais… ! Les taxes que vient de décréter Donald Trump affecteront, à moyen et long termes, certains secteurs qui génèrent des investissements directs étrangers dans le Royaume. Les analystes n’en démordent pas. On sera fixé dans les jours ou semaines à venir, le 9 avril étant la date d’entrée en vigueur de la nouvelle grille douanière.
Un entrepreneur marocain commente avec lucidité : «Nous n’avons d’autre choix que de répercuter la hausse des droits de douane. Nous serons obligés d’augmenter nos prix de 5% à 7%». Il va de soi que de nombreuses entreprises nationales ne tarderont pas à réajuster leurs prix pour s’adapter à la nouvelle donne !
En définitive, la Troisième guerre mondiale a bel et bien commencé. Pas avec le feu nucléaire, mais avec un tsunami commercial. On en imagine, avec effroi, les dégâts en termes d’impact économique, social, humain, voire culturel…