Élise Girard : «Je viens au Maroc pour la première fois et je découvre un pays magnifique»

Élise Girard, cinéaste française de grand talent, est présente au Festival International du Film de Marrakech. En présence de l’actrice iconique Isabelle Huppert, elle a présenté au Palais des Congrès son film «Sidonie au Japon», plébiscité tout récemment au Festival «Giornate Degli Autori» Venise. Nous l’avons rencontrée et elle s’est livrée de bon cœur à travers cet entretien.
Entretien réalisé par LAIDIA FAHIM
Votre film «Sidonie au Japon» a été dévoilé en première au Festival de Venise, en septembre dernier, dans le cadre des «Giornate Degli Autori». Quel accueil lui a été réservé par le public ?
Nous avons eu une projection magnifique : Les gens ont beaucoup aimé le film. Il y a eu même une ovation qui a duré pendant 10 minutes ! C’était très émouvant. Les spectateurs ont bien compris que c’est un film à la fois mélancolique, mais aussi un peu burlesque. Ils ont ri parfois et d’autres fois ils étaient émus. J’ai vraiment été très heureuse. Je ne doute pas qu’il y aura le même accueil, ici à Marrakech.
Le Japon a sa propre culture, ses propres traditions… Est-ce que vous avez eu des difficultés pendant le tournage ?
Disons que le Japon est un pays très lointain de notre culture. C’est une culture orientale à l’autre bout de la terre ! Le mode japonais de penser et de réfléchir est très différente du nôtre. Travailler ensemble est très enrichissant car il s’agit de deux cultures qui se rencontrent. Mais c’est aussi difficile car notre manière de faire du cinéma est très différente de la leur. Les Japonais commencent par les petits détails tandis que nous, les Occidentaux, faisons l’inverse. On part d’une situation globale et ensuite on affine… J’ai mis beaucoup de temps à faire ce film. J’avais une première productrice, décédée ensuite à cause d’une maladie. Alors, j’ai dû changer de producteur, puis entre-temps il y a eu la pandémie du «Covid-19» et le Japon a fermé ses frontières pendant trois ans. Comme j’allais régulièrement dans ce pays, j’ai appris à le connaître, à comprendre davantage sa culture. J’ai appris un peu le japonais sur le tas. Le fait d’essayer de parler un peu leur langue, de rompre la barrière de la communication fait énormément plaisir aux gens.
Comment s’est fait le choix de l’actrice Isabelle Huppert pour l’interprétation du rôle de Sidonie ?
J’avais très peur qu’Isabelle Huppert n’accepte pas le rôle. C’est une comédienne iconique, mondialement connue. Elle a un talent qui n’est plus à prouver et c’est une femme extrêmement intelligente et sensible. Je connais Isabelle comme la mère de l’actrice lolita Chammah, qui a tourné dans mon deuxième long-métrage «Drôles d’oiseaux». J’avais une vision d’Isabelle Huppert différente de celle qu’ont les personnes qui ne la côtoient que professionnellement. C’était vraiment une rencontre avec une personne qui m’a beaucoup plu dans sa personnalité. Ensuite, j’ai écrit «Sidonie» en pensant à elle. Elle était, en effet, idéale pour incarner le personnage. On a commencé à préparer le film. Les costumes sont assez particuliers, assez poétiques. En fait, ils racontent quelque chose de l’intériorité du personnage. Pour Isabelle, les costumes représentent une étape importante pour comprendre un personnage. Je pense que j’ai eu un univers assez fort. Ce n’est pas moi qui m’adapte aux comédiens, ce sont eux qui doivent venir dans mon film et Isabelle Huppert a plongé ! J’ai eu un plaisir inouï à la filmer. J’ai été subjuguée par son talent. Elle est vraiment extraordinaire. Je crois vraiment que «Sidonie» et Isabelle sont complètement liées. D’ailleurs, je n’aurais pas fait ce film si elle avait dit non !
Votre film «Sidonie au Japon» est programmé en séance spéciale dans ce Festival International du Film à Marrakech. Vos impressions sur le happening ?
C’est un Festival prestigieux. Je me sens très honorée d’y participer. Je viens au Maroc pour la première fois. Et d’ailleurs pour la première fois en Afrique. Je découvre un pays magnifique. Tout est tellement beau. Les couleurs, les lumières… C’est extraordinaire. Les gens sont très accueillants. Je suis très impressionnée par les invités et par la programmation du Festival. Mélita Toscan Du Plantier a fait vraiment un travail formidable.