Maroc post-«Covid» : Deloitte préconise des paris sur des secteurs à fort potentiel

Le Maroc pourrait, de manière pragmatique, poursuivre une politique de paris stratégiques, ciblée sur certains secteurs à fort potentiel durant la période 2021-2025. C’est ce que préconise une récente note du cabinet britannique Deloitte. «Le Royaume devrait mettre en œuvre cette politique, tout en accompagnant le développement de secteurs dans lesquels il possède déjà un savoir-faire avéré», indique cette étude intitulée «Le Maroc : de la résilience à l’émergence ?».
Deux types de politiques industrielles dites verticales (sectorielles) peuvent être mises en œuvre afin d’accroître la complexité économique et permettre au Maroc de hisser son potentiel de croissance et de surmonter «la trappe à revenu intermédiaire». Il s’agit d’une politique «parcimonieuse ou incrémentale», visant à assurer une diversification des exportations par capillarité avec le panier de produits existants et d’une politique plus «disruptive» fondée sur des paris stratégiques, nécessitant l’acquisition de nouveaux savoir-faire et une coordination accrue entre tous les acteurs publics et privés concernés.
Selon la même source, des secteurs à fort potentiel peuvent constituer certaines industries «low-to-medium tech» (technologie faible à moyenne) telles que les matériaux de construction, les articles d’ameublement, de bricolage et de décoration intérieure, l’emballage et les articles en papier, en plastique ou en métal, quincaillerie et robinetterie. Ces industries sont souvent portées par des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), avec des intensités capitalistique et technologique relativement faibles, un potentiel important de création d’emplois et un potentiel de développement à la fois à l’export et sur le marché intérieur. L’impact positif de ces industries sur l’emploi ainsi que leur potentiel de développement sur le marché intérieur, entrent en résonance avec les priorités du nouveau modèle de développement mis en chantier par le Maroc, fait valoir le document.
Le cabinet Deloitte rappelle aussi qu’il pourrait être opportun d’adjoindre aux écosystèmes sectoriels existants des écosystèmes «transverses» tels les matériaux avancés (polymères, fibre de verre…) et les automatismes et machines industrielles (qui représentent autant de savoir-faire industriel) et des composants utilisés par beaucoup d’autres industries.
Au niveau du pari stratégique portant sur l’électronique, la microélectronique et la mécatronique, le Royaume exporte déjà des moteurs électriques à usage industriel. Il dispose donc d’une base de production dans ce domaine, rappelle le cabinet britannique, notant qu’il existe déjà un cluster d’entreprises (baptisé «CE3M») opérant dans les filières de l’électronique, la microélectronique et la mécatronique. À l’heure où l’adoption à grande échelle de la mobilité électrique se rapproche, l’étude juge opportun de doper ce cluster et d’organiser son développement autour de thématiques porteuses telles que le stockage de l’électricité, la mobilité électrique et l’électronique embarquée.
S’agissant du pari stratégique sur l’industrie pharmaceutique, Deloitte fait ressortir que le secteur connaît une forte dynamique, à travers notamment le lancement de projets d’envergure dans la production locale de médicaments bio- similaires et de génériques ainsi que la création d’unités de production de vaccins et de sérums pour le marché local. Le Maroc devrait soutenir le développement de ce secteur qui dépend des politiques de santé publique et de la prise en charge par la collectivité du coût des traitements. C’est également un secteur qui nécessite un investissement important dans le capital humain.