Sofia El Khyari entre «Ayam» et «L’ombre des papillons»
La 21ème édition du FICAM a réservé, cette année, un espace pour une exposition inédite de Sofia El Khyari, l’une de ses révélations. La jeune réalisatrice marocaine, née en 1992 à Casablanca, est une talentueuse artiste plasticienne. Une exposition au FICAM a permis au public d’en découvrir les multiples facettes. Une occasion de découvrir des dessins originaux issus des courts-métrages de l’artiste, dont «L’ombre des papillons». Les festivaliers ont également découvert les étapes de production de «Ayam», avec la voix de feue la grande Amina Rachid. Ce film court a été plébiscité par le Prix du Public lors de la «Courts Compet’» au FICAM lors de l’édition 2018.
Propos recueillis par LAIDIA FAHIM
LE TEMPS : votre biographie révèle que vous êtes réalisatrice de films d’animation et également artiste plasticienne. À 30 ans, vous avez déjà une carrière pleine de réalisations. Comment vous y prenez-vous ?
SOFIA EL KHYARI :Grâce à beaucoup de travail ! Il n’y a pas de secret. C’est ma passion depuis très longtemps, donc j’essaie de m’investir à fond dans mes projets, de faire de bons films, de bonnes réalisations.
LE TEMPS : Votre sentiment sur la programmation de votre exposition par la Fondation Aïcha, en partenariat avec l’Institut Français de Meknès, dans le cadre de cette édition 2023du FICAM ?
SOFIA EL KHYARI :C’est magnifique et très important pour moi. J’ai beaucoup de vitrines à l’étranger et en avoir une au Maroc me permet d’échanger avec le public marocain. Ainsi, les gens viennent me voir et on développe des échanges très riches sur les dessins issus de mes courts-métrages. Je remercie le FICAM, l’Institut Français de Meknès et la Fondation Aïcha pour leur soutien aux jeunes talents marocains.
LE TEMPS : «L’ombre des papillons», votre dernier film en aquarelle, a reçu la Mention Spéciale du Jury au FICAM 2023. Il était programmé en compétition officielle dans le cadre de la «Court Compet’». Un mot là-dessus, sachant que vous avez déjà remporté le Prix du Public en 2018 avec «Ayam»…
SOFIA EL KHYARI :C’est ma 3ème participation au FICAM, cette année. J’avais également participé avec mon court-métrage «Le corps poreux». «L’ombre des Papillons» a été sélectionné à Locarno en Suisse et à Toronto au Canada, deux festivals majeurs de cinéma. J’avais aussi effectué une Résidence ici, à Meknès, où j’avais commencé à faire des tests de peinture sur le film «L’ombre des papillons», que je suis très contente de partager aujourd’hui avec le public marocain. C’est le deuxième festival au Maroc pour ce film, avec le festival de Tanger, où il a été récompensé par un Prix.
LE TEMPS : Par comparaison, est-il meilleur que «Ayam» ?
SOFIA EL KHYARI :«Ayam» est différent. C’est un film très concret qui parle de souvenirs avec ma grand-mère. Je pense qu’il a beaucoup parlé au public marocain, qui s’est reconnu dans ce schéma familial. Par contre, «L’ombre des Papillons» est un film beaucoup plus abstrait. Ce n’est pas dans la même continuité; c’est une prise de risque et c’est pour cela que je n’avais aucune certitude sur la réaction du public. J’espère qu’il sera bien reçu. Je tiens à préciser qu’au-delà du fait que c’est un film sensoriel, il comprend quand même des racines marocaines et le dialogue est en Darija.
LE TEMPS : Vos projets futurs ?
SOFIA EL KHYARI :Ils sont secrets pour le moment parce qu’ils en sont encore au tout début du stade de développement. Comme j’ai fini «L’ombre des papillons» récemment, pour l’instant j’ai juste des idées que je ne peux pas encore dévoiler. Je préfère leur laisser le temps de bien germer !