Médecins sans scrupules : le commerce du malheur des autres !

Notre confrère Le360 a publié le 4 février dernier, sous la plume d’Amyne Asmlal, un excellent focus sur les dérives qui caractérisent le secteur de la santé au Maroc. Le focus en question s’appuie sur un dossier de notre confrère arabophone «Assabah». Édifiant !
Dans le secteur de la santé, les soins sont directement ou indirectement monnayés, le plus souvent de manière indue. Corruption dans le secteur public, surfacturation et pratique du «noir» dans le privé, le journal «Assabah» a consacré un dossier à ce fléau. Ce qui suit est une revue de presse tirée de ce quotidien. Dans les hôpitaux publics et les cliniques privées, la santé des citoyens est devenue un moyen d’enrichissement rapide. Il faut se garder de généraliser, mais c’est néanmoins un constat relevé par le quotidien «Assabah» dans son édition du week-end (5 et 6 février). Le quotidien précise d’ailleurs que dans certains hôpitaux publics et cliniques privées, des professionnels de la santé sans scrupules n’hésitent pas à faire le commerce de la santé des citoyens, faisant ainsi fi de tous les codes d’honneur de leur profession.
Quid de l’éthique fiscale ?
Dans les hôpitaux publics, explique le quotidien, la corruption semble très répandue. Cela commence par l’agent de sécurité à l’entrée, qu’il faut soudoyer pour éviter de faire la file et donc gagner un temps précieux. Avoir un rendez-vous peut prendre plusieurs mois et l’agent de sécurité peut facilement raccourcir la durée. Dans les cliniques privées, poursuit le quotidien, personne ne daigne vous parler, que ce soit parmi le staff administratif ou le personnel soignant, du moment que vous n’êtes pas encore passé à la caisse…
Dans le privé, tout est payant, et cela peut être acceptable dans une logique de marché. Sauf que se faire arnaquer et payer une partie de la facture au «noir» ne l’est pas. C’est grâce à ce genre de pratiques que des médecins peuvent mener une vie de nabab avec voitures de luxe et villas, écrit le quotidien. Si, poursuit «Assabah», sous d’autres cieux, la chirurgie est la dernière solution que le médecin propose à son patient après avoir tout essayé, dans beaucoup de nos cliniques privées, c’est la première ! Et même le plus souvent la «seule» option que proposent les médecins. On comprend évidemment pourquoi… Le quotidien donne l’exemple de l’accouchement. Pratiquement toutes les cliniques proposent d’emblée l’accouchement par césarienne, même si l’état de la mère et du bébé ne le justifie nullement. Là encore, dans le dossier qu’il a consacré à la situation dans ce secteur, alors que le gouvernement vient de donner le coup d’envoi à la concrétisation du chantier de la généralisation de l’assurance maladie, le quotidien affirme ne pas généraliser. Dans ce métier, précise-t-il, il reste encore des médecins honnêtes. Et heureusement, ils sont très nombreux.
Bien sûr, en abordant ce sujet, le quotidien n’a pas omis d’évoquer l’un des principaux maux de la pratique de la médecine privée : l’évasion fiscale. D’ailleurs, après le tour de vis de la Direction Générale des Impôts, qui a décidé de sévir contre ces pratiques dans le secteur des professions libérales, un terrain d’entente a été trouvé avec les médecins. L’accord a donné lieu à des déclarations rectificatives de la part des médecins et, dans les cas récalcitrants, à des redressements fiscaux.